On sait de quoi Marlon Williams est capable. Il est capable de perfection. Il y a deux ans, il était le crooner folk tendance country qui nous éblouissait au Pop-Up par sa maîtrise vocale et son talent inné de la subtilité. Cet été, après son album de rupture " Make Way For Love ", il était ce musicien qui réussissait le pari de nous faire apprivoiser des nouveaux titres bien plus orchestrés et électriques, à La Route du Rock. Alors ce soir-là au Nouveau Casino, on y croyait, à la magie Williams.
Un changement de direction complet
On a très vite déchanté. Qu'on se le dise tout de suite, le concert était très bon. Probablement au-dessus de la mêlée pour n'importe qui n'ayant jamais vu le garçon à l'œuvre dans le passé, ou pour toute personne qui avait envie de gros son. Le problème vient de nous. On n'a pas envie de gros son à un concert de Marlon Williams, voilà tout. On a envie de rester bouche bée, d'être épaté par une batterie délicate, de rester sans voix devant la guitare de Dave Kahn, d'apprécier les yeux fermés les derniers instants suspendus de chaque titre. Au lieu de cela, c'est la gêne qui a pris le dessus.
" Beautiful Dress " est une magnifique chanson, dévoilant parfaitement la voix de crooner de Marlon. Là ? Inutilement accélérée , sans aucune douceur. " Can I Call You " subit le même traitement. " I'm Lost Without You " ? La frustration avec cette batterie sur-représentée. On assiste à un concert en accéléré, Marlon ne respectant quasi plus les dernières notes de ses titres, les interrompant toujours d'un " merci beaucoup " bien trop rapide. Quant aux titres eux-mêmes, ils deviennent des débauches de guitares électriques, de riffs bruyants, de lumières stroboscopiques. Tout se résume en une phrase prononcée par l'artiste lui-même, dans un éclat de rires : " Thanks for being silly with me ! ". Mais nous, on n'était pas vraiment là pour ça.
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De trop rares moments suspendus
Quelques moments viendront tout de même relever un peu le niveau. Étrangement, ce ne seront pas les nouveaux titres, l'un au piano écrit pour son " non existent child ", l'autre à la guitare sèche " typiquement blues ". Ce seront plutôt " Vampire Again ", elle parfaitement adaptée à la voix ET à l'envie de Marlon de jouer et de devenir la bête de scène qu'il peut être, et la toujours parfaite reprise de " Portrait Of A Man ", qui clôturera le set et sauvera l'ensemble. Avec, au milieu de tout cela, un (et un seul) moment de grâce et de perfection ultime. Cette reprise de " Jealous Guy " entamée en piano voix avec Ryan Downey. Notre envie de beauté en ce samedi de novembre pluvieux aura donc été comblée par le garçon de la première partie. Et c'est bel et bien lui, Ryan Downey, qu'on retiendra.
Texte : Morgane Milesi / Photos : Sabine Swann Bouchoul