Pour endiguer la légende urbaine,
voici quelques informations sur le mode d’emploi des éditions L’harmattan
Une réunion entre auteurs et éditeurs au siège de L’Harmattan, à Paris, permet aux participants de faire le point sur cette maison d’éditions créée en 1975 par Denis Pryen.
Dans un secteur de plus en plus tendu qui constate une augmentation incessante de titres, avec actuellement un million de titres sur le marché et quelques 4 millions d’euros de chiffres d’affaires total, L’harmattan avec les 50 000 titres de son catalogue édite quelques 2 800 titres par an - soit 13 par jour.
De ce fait, il serait facile de dire que cette maison familiale qui se définit comme indépendante, publie « n’importe quoi ». Ce qui est faux. Assisté par 400 directeurs de collection, L’Harmattan choisit parmi les manuscrits des ouvrages qui participent « à l’évolution des connaissances ».
Son catalogue se compose donc de 30% de sciences humaines (philosophie, histoire, psycho…), de 25% de fictions, de 20% à l’International, un international principalement consacré à l’Afrique et l’Afrique subsaharienne, d’ouvrages régionaux, de livres et d’albums BD pour la jeunesse « afin d’encourager la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
Cependant avoir un livre édité n’est pas une fin en soi. Encore faut-il ensuite le faire connaitre. Ecrire un livre constitue un premier sommet. Les auteurs s'imaginent arrivés au faite du Mont Blanc. Soudain, ils comprennent qu’ils doivent escalader l’Everest : c’est ce que constitue la promotion d’un ouvrage, tout aussi ardue si ce n’est plus que la rédaction elle-même.
Pour les accompagner, L’Harmattan met à la disposition de ses auteurs une dizaine de chargés de promotion dans le but de trouver les meilleurs moyens alternatifs qui leur permettront de mener cette mission. Sites Internet, institutions, associations, marketplace…
C’est là que la difficulté se fait sentir.
Chaque écrivain rêve d’une personne qui le soutient et le prend en charge en quelque sorte.
Dans le contexte actuel, vu le nombre de titres sur le marché, il est dur de se faire remarquer. Chacun possède ses propres images d’Epinal. Chacun se voit dans tel magazine ou invité dans telle émission de TV. La réalité est plus âpre. Il s’agit alors de faire sien le terrible dicton : « On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ». On peste contre les chargés de promotion qui pourraient en faire plus.
Mais que ce soit chez L’Harmattan ou ailleurs, dans d’autres maisons, le problème est le même. Chez les éditeurs de grand renom, il n’est souvent choisi qu’un seul livre pour se distinguer du lot. Les autres passent à la trappe…
Et les personnes en charge de cette promotion se bataillent avec les médias surchargés de livres et de propositions qui souvent font la fine bouche.
Alors que faire ? Jouer le jeu et s’investir à fond.
Que ce soit chez L’Harmattan ou chez qui que ce soit d’autre, le sort d’un livre dépend avant tout de son auteur. Les privilégiés des meilleures ventes le disent : ils passent la moitié de leur temps à promouvoir leurs écrits.
Il faut donc s’adapter… Accepter le contrat sans humeur. Inventer, se motiver et se remotiver dans ces exercices périlleux. Avec énergie et dynamisme.
Apprendre à défendre son livre est un excellent entrainement. Pour mieux communiquer. Affiner sa pensée (et cela servira pour la rédaction du prochain projet). Oser parler en public. Répondre aux interviews. Noter des questions auxquelles nous n’aurions pas pensé.
Participer à des salons, des colloques, faire des signatures est une formidable opportunité pour faire ses gammes et devenir à part entière un artisan de l’écriture. Sans fausse gloire et autant d’illusions.
Oui, ce métier est dur. Comme tant d’autres. Mais il est formidable. Nous n’écrivons pas pour nous mais pour les autres. Au service des autres. Comme dans n’importe quel art. Nous ne devenons professionnels que libérés de notre ego et de la tentation des vanités pour transmettre, offrir une connaissance, un passeport pour le rêve et tout ce qui permet aux lecteurs de s’enrichir ou de s’évader.
Courage, matelot ! Courage, alpiniste. Le sommet n’est sans doute pas si loin. Il se rapproche dès que nous prenons plaisir à gravir le chemin et à rencontrer à chaque instant une oreille attentive.
Sur ce, j’y retourne…