A côté de nulle part

Publié le 12 novembre 2018 par Anargala


Utopie : lieu de nulle part.

Les alternatives prétendues se pressent à nos oreilles.
Mais où sont les utopies ? Nulle part, bien à leur place.

Une première utopie, dit-on, naquit il y a un peu plus de cinq siècles, durant la Renaissance. Qu'est-ce qui renaissait ? La vision cosmique des Anciens. 


Thomas More, dans son Utopie, dénonce l'injustice de gagner plus d'argent qu'on en a besoin :

"Y a-t-il justice quand le premier noble venu ou un orfèvre, ou un usurier, ou n'importe lequel de ces gens qui ne produisent rien, ou seulement des choses dont la communauté se passerait aisément, mènent une vie large et heureuse dans la paresse ou dans une occupation inutile, tandis que le manœuvre, le charretier, l'artisan, le laboureur, par un travaille si lourd, si continuel qu'à peine une bête de somme pourrait le soutenir, si indispensable que sans lui un Etat ne durerait pas une année, ne peuvent s'accorder qu'un pain chichement mesuré, et vivent dans la misère ? 

(...)
Quand je considère ou que j'observe les Etats d'aujourd'hui florissants, je n'y vois, Dieu me pardonne, qu'une sorte de conspiration des riches pour soigner leurs intérêts personnels sous couleur de gérer l'Etat. Il n'est pas de moyen, pas de machination qu'ils n'inventent pour conserver d'abord et mettre en sûreté ce qu'ils ont acquis par leurs vilains procédés, et ensuite pour user et abuser de la peine des pauvres en la payant le moins possible. Dès que les riches ont une fois décidé de faire adopter ces pratiques par l'Etat - qui comprend les pauvres aussi bien qu'eux-mêmes - elles prennent du coup force de loi." (GF, p. 230)

Le propos parait actuel, certes.

Mais cinq siècles plus tard, le problème a évolué. Bien entendu, il y a encore des employés ou des exploités (ce qui revient presque toujours au même). Cependant, l'arrivée des intelligences artificielles change la situation. Désormais, le chômage est devenu une menace plus grave que les souffrances au travail. C'est d'ailleurs le moteur de ces souffrances. 

Ce qui offre un exemple de l'histoire. Elle ne se réduit pas à une répétition, elle offre de l'inédit, de l'imprévu. Les sages ne savaient pas tout.

Quelles sont les conséquences pour les spiritualités auxquelles nous adhérons ?