Devant le Nouveau Casino, chez Justine. On boit un verre en terrasse. Il est 19h30. Dans 15 minutes, la première partie de Marlon Williams commencera. On n'a pas trop envie de bouger.
" - Marlon commence à 20h45 non ? C'est qui la première partie ?
- Je ne sais pas... Attends, je regarde. "
Rapide recherche facebook. Ryan Downey. Photo de profil classieuse en noir et blanc, en solo. On s'échange un regard entendu. On y va. Après tout, on ne loupe jamais une première partie.
Beauté et pureté vocale
L'artiste est comme sur sa photo : très classe dans son pantalon à pinces et sa chemise. Une guitare électrique vient compléter le tableau. Mais pour être pleinement honnête, on ne regarde pas. On est déjà sous le choc de sa voix. Une voix pure et profonde, une voix posée, une voix d'un calme, mais d'un calme... Le genre de voix qui t'apaise instantanément, qui te force à écouter, et qui te fait monter les frissons tout en haut de l'échine. Une voix qu'on ne rapprochera d'aucune autre, car on sait déjà qu'on la reconnaîtra entre mille maintenant.
Sur scène, comme sur album, les arrangements sont réduits au strict minimum, une guitare électrique principalement. Une guitare dont la réverbération et les effets viennent faire vibrer eux aussi au plus profond. La caresse de la corde, le respect du silence après la note, tout est là. On jurerait qu'autant de maîtrise nous viendrait tout droit du Royaume-Uni quand il entonne " Love Me, My Meal ". Et pourtant, Ryan Downey est australien, basé à Melbourne. Surprise totale.
Un artiste qui brouille les pistes
Après une très belle reprise en français de " Ne Me Quitte Pas ", après un duo avec Marlon Williams sur " Jealous Guy ", il est évident qu'on tient en Ryan Downey notre nouvelle addiction. La faute aux émotions contraires avec lesquelles il joue constamment, comme dans une volonté de nous mener sur de fausses pistes pour mieux nous conduire ailleurs. À l'image de " Running ", son titre phare : prêt à croire à une chanson mélancolique et aussi froide que la glace aux premiers accords, c'est derrière quelques respirations bien placées, quelques silences maîtrisés que se dévoile une sensualité insoupçonnée. Voilà le secret de Ryan Downey : ne pas être là où l'attend, jamais.
On ne saurait que trop te conseiller d'aller écouter son premier album, Running. Rares sont les albums où il n'y a rien à redire. C'est pourtant le cas ici. Les couches soyeuses de guitares épurées, les délicates touches de batterie ou de claviers, et une production sublime de modernité et de respect de la voix... Une voix, on te le garantit, que tu n'es pas prêt d'oublier.
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