Bye bye Fergie, re-bonjour Hip-Hop. C'est vrai qu'on a d'abord eu mal à y croire. Quand ils ont sorti le vidéoclip de " Yesterday " ce mois Juillet de l'année 2015, mes oreilles ont cru à eu une hallucination, mais avec le clip très sérieux " Street Livin'" , on a tous arrêté de croire qu'il s'agissait d'une hallucination collective. À chaque fois qu'ils sortaient d'autres extraits, l'espoir ne faisait pas que renaître. C'était bel et bien réel, les Black Eyed Peas étaient de retour et ils refont du rap, politiquement engagé en plus de ça. Non vous ne rêvez pas du tout, le premier morceau de Masters of the Sun vol.1 nous donne le tempo : " Back 2 HipHop " , avec en prime un couplet de Nas. Fini les conneries.
Deux premiers albums salués par la critique ( Behind the Front et Bridging The Gap), des collaborations avec Mos Def, les De La Soul, D'Angelo, DJ Premier, Macy Gray..., les BEP faisaient office d'équivalents californiens du rap conscient qui émergeait à la fin des années 2000 à NYC, avec une touche d'humour et de légèreté qui ne sera jamais pris en défaut. Ce qui leur faisait défaut, c'était leur popularité, les chiffres de ventes loin des objectifs ambitieux d'Interscope, en dépît d'une côte de sympathie à toute épreuve. C'est là qu'est arrivée comme un ouragan la chanteuse Fergie qui a pratiquement co-leadé le groupe avec Will.I.Am, qui de son côté a mis le paquet dans des samples populaires pour rendre leur rap plus pop qu'aucun groupe hip-hop n'a jamais été. Dans leur genre, les dizaines de millions d'exemplaires vendus à travers le globe de Elephunk et Monkey Business contiennent des morceaux rap plus qu'acceptables, les albums suivants The E.N.D. et The Beginning qui pataugeaient pitoyablement dans la dance music de supermarché ont permis de beaucoup relativiser à propos de ces deux albums-là. À cause de The Beginning, j'ai même fini par jeter à la poubelle pas mal de choses avec les Black Eyed Peas, des derniers espoirs et #willpower, le 3e solo de Will.I.Am qui m'a obligé à re-sortir le génial Songs About Girls et re-decouvrir son tout premier solo chez BBE Records Lost Change.
" Back 2 HipHop" , retournage de veste immédiat et assumé. Will.i.am parle de résurrection et c'est vrai qu'on revient quasiment au groupe que les millennials n'ont pas connu, quand on ne se posait pas la question de à quoi servait l' "indien des Black Eyed Peas " Taboo et Apl.de.ap parce qu'ils faisait du " vrai hip hop ". Qu'ils redeviennent dans un élan de positivité n'a rien de surprenant de leur part, ça donne chaud au coeur soit dit en passant, mais ce sentiment fortifiant est atténué par un militantisme affiché sur le triptyque " Ring the Alarm " et " Yes or No" . Assez désappointé par le fait que " Street Livin' " ne figure pas sur le tracklisting, ça me fait croiser les bras. Aux beats à la sonorité toujours impeccable, une des caractéristiques de Will.I.Am, s'ajoutent des éléments très jazz (la superbe boucle de " New Wave " que Madlib a déjà sûrement du renifler) et Native Tongues, avec en point d'orgue " All Around The World " avec le regretté Phife Dawg (ça fait quelque chose d'entendre sa voix) et Podnuous des De La Soul. Ils parviennent même à convertir Nicole Scherzinger (l'ex-leader des Pussycat Dolls) sur " Wings" . " 4ever " avec ce petit accent exotique est également un vrai régal pour les oreilles, ainsi que " Vibrations " (la première partie seulement), sans parler de " Constant " (qui appelle Slick Rick pour son célèbre gimmick) avant de transiter sur de la house très plaisante sur la seconde partie. Comme quoi l'électro n'est jamais loin mais on préfère ce type-là et dans cette quantité. Difficile pour les BEP de s'en passer comme les voix féminines très présentes. Ils auraient très bien pu se lancer dans la trap par opportunisme, mais on dirait bien que les Black Eyed Peas avaient coeur à repartir sur des bonnes bases.
On a beau se secouer la tête, c'est vraiment vrai, et finalement la tête hoche sur le tempo. Masters of the Sun est bien le retour en grâce des Black Eyed Peas. Et on se contrefiche royalement s'ils perdent leur audience acquise depuis 2003. On n'oublie pas non plus ce qu'ils ont fait par le passé, ce pourquoi on leur a jeté des tomates pourries et le discrédit dans la gueule. Mais si ça peut éduquer certains de leurs " fans " ne serait-ce qu'un peu sur la culture hip-hop, et puisque c'est une excellente chose de les voir revenir à leurs premiers amours, OK pour se racheter. On est face à un heureux retour aux sources qui reste tourné vers le futur. En parlant de ça, c'est quand le volume 2?