de Léonor de Récondo
Roman - 270 pages
Editions Sabine Weispieser -
Editions poche Points - mai 2016
Grand Prix RTL Lire - 2015
Prix des Libraires - 2015
Victoire est mariée à Anselme de Boisvaillant, un avocat bourgeois qui passe ses semaines dans son cabinet. Ils n'ont pas d'enfant, ils le souhaiterait, mais Victoire ne veut pas s'offrir à son mari. Alors Anselme, de temps à autres, s'autorise à violer la jeune Céleste, nouvellement arrivée dans la maison en tant que bonne. Céleste se tait, fait profil bas, subit, même lorsqu'elle se retrouve enceinte. Lorsque Victoire se surprend un jour à voir le ventre arrondi de sa bonne et à en deviner l'origine, elle exulte de colère, mais très vite impose à Céleste de garder l'enfant pour le faire passer pour le sien.
Ce petit roman est un livre étonnant, osé, attachant. De ce qui devait être un fait divers courant au début du 20e siècle, Léonor de Récondo en fait un scandale brûlant, elle précipite ces personnages vivant quasiment recluses dans les murs sourds d'une maison bourgeoise vers un même destin lié par un enfant secret, un nouveau bâtard qui aura un nom. Elle précipite aussi ces deux femmes que les origines sociales opposent, dans le même lit, au nez et à la barbe presque, du violeur mari. Comme une vengeance ouatée et cinglante. Mais surtout comme une passion amoureuse et voluptueuse que deux femmes s'autorisent, et vivent solidairement.
Extrait :
"L'amour est là, où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque là les contraignaient, et qui, maintenant leur offre un écrin. Point de velours cramoisi, point d'alcôve confortable, mais un lit de fer et une couverture de laine qui leur gratte la peau. L'éblouissement à portée de doigts et de langues."
Je lis pour la première fois un roman de Léonor de Récondo et je suis très agréablement conquise. Le texte est fluide, soigné, beau, et l'histoire donne envie de la lire d'une traite.
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