Partager la publication "[Critique série] SENSE8 – Saison 2"
Titre original : Sense8
Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : J. Michael Straczynski, Lilly Wachowski, Lana Wachowski
Réalisateurs : Lana Wachowski, Tom Tykwer, James McTeigue, Dan Glass.
Distribution : Doona Bae, Jamie Clayton, Tina Desai, Tuppence Middleton, Toby Onwumere, Max Riemelt, Miguel Ángel Silvestre, Brian J. Smith, Freema Agyeman, Terrence Mann, Naveen Andrews, Daryl Hannah…
Genre : Drame/Fantastique/Science-fiction
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 12
Le Pitch :
Will et Riley se sont échappés des bureaux du BPO en Islande, Nomi se cache du FBI, et Capheus fait face à sa notoriété… Les sensitifs sont confrontés à des menaces encore plus oppressantes et vont devoir être plus soudés les uns les autres…
La Critique de la saison 2 de Sense8 :
La saison 1 de Sense8 était une sorte d’introduction à huit histoires liées les unes aux autres. Il s’agissait d’un pari plutôt risqué puisqu’il fallait réussir à fasciner le spectateur et à maintenir sa concentration sur douze épisodes. La mission est accomplie car à l’issue d’un final rempli de suspense, on ne demande qu’à voir la suite !!!
L’union fait la force
La saison 2 s’ouvre sur un épisode de deux heures remarquablement bien exploitées, dans lequel on trouve de superbes séquences musicales qui rappellent un principe simple : l’union fait la force. On y voit les sensitifs à la fois dans leurs propres réalités, mais aussi tous ensemble, comme si le lien qui les unis était encore plus fort. Le premier épisode au complet s’appui cette idée. La mise en scène, toujours aussi brillante, nous rappelle que les sensitifs sont tous prisonniers de leur propre environnement, mais qu’ils se réfugient tour à tour dans celui des autres pour s’entraider. Les Wachowski vont d’ailleurs plus loin en faisant interagir les protagonistes avec d’autres cercles ; si certains sont bienveillants, d’autres adoptent une attitude plutôt malsaine, ce qui n’est pas sans rappeler les atouts et les dangers du web.
On n’est donc plus dans une phase d’introduction, mais bel et bien dans une démarche de développement. La mythologie des sensitifs est en place, et on a maintenant envie d’avancer sur les différents dossiers restés en suspens dans le dernier épisode de la saison 1.
Sensations mitigées
D’ailleurs, en parlant de dossiers restés en suspens, on est loin du compte ! Les problèmes des uns et des autres semblent s’être aggravés suite au dénouement de la saison 1, ce qui renforce les affinités des différents membres du cercles, mais également du spectateur. En effet, quand on regarde Sense8, on ressent un sentiment d’appartenance au cercle. Le remplacement d’Aml Ameen par le novice Toby Onwumere perturbe un peu cette sensation au début mais finalement, l’ambiance si particulière de Sense8 reprend le dessus, et le spectateur reprend sa place.
Le suspense se fait plus intense, si bien que certains personnages sont malheureusement mis à l’écart. Notamment dans l’épisode 2, on se surprend à penser que l’intrigue générale ne tourne qu’autour de trois des huit sensitifs. À contrario, on constate une mise en lumière de certains personnages secondaires qui se mettent subitement à avoir un impact fort sur le déroulé de l’histoire. On pourrait y voir une volonté de faire avancer le scénario, mais l’impression qui en ressort est bien plus mitigée puisqu’on a affaire à l’utilisation de ficelles scénaristiques mal dissimulées…
Le flot de personnages apparaissant dans cette seconde saison entame donc légèrement l’intérêt de la série. En effet, la force de celle-ci était le développement psychologique de ses héros or là, il devient trop difficile (dans la deuxième partie de saison tout du moins) de s’identifier du fait de la pluralité des intervenants. Cela impacte également la perception que l’on peut se faire des sensitifs : dans l’épisode 11 par exemple, l’ordre moral est mis en balance au sein du cercle, à la façon d’une conscience intérieure qui nous jugerait sur nos comportements. Ce moment plein de réflexion est malheureusement gâché par une scène d’action pas vraiment indispensable à ce moment de l’histoire.
Cohésion d’équipe
Si cette deuxième saison est entachée d’éléments perturbateurs de ce genre, le fait que le secret des sensitifs se dévoile autour d’eux apporte tout de même un plus à la série. Cela permet de faire évoluer l’intrigue, mais aussi d’insister un peu plus sur la dispersion géographique et culturelle des huit héros. Ainsi, le personnage de « Van-Damme » perçoit les visites de Sun comme des apparitions d’un esprit. Malheureusement de ce côté-là également, les scénaristes creusent trop profondément et opèrent un changement de cap qui fait évoluer radicalement la situation des uns et des autres : le rapprochement (au sens propre) du cercle tue l’intérêt premier de Sense8. Cette idée absurde transforme même le programme en véritable show de rock stars à travers un épisode final qui traîne en longueur. Le dénouement est vite expédié pour laisser place à une demi-heure de bons sentiments d’une incroyable naïveté. Le message-dédicace qui s’adresse aux fans appuie largement cette sensation…
En Bref…
Sense8 n’aura eu que deux petites saisons pour exprimer ses idées. Mais une troisième partie aurait-elle apporté quelque chose ? Probablement pas. La boucle est bouclée, ou plus exactement, le cercle est refermé, et Sense8, malgré des défauts apparents, restera comme une série à la fois fantastique, violente, libre dans ses idées, et techniquement bien maîtrisée.
@ Kévin Lefebvre