Du 10 novembre 2018 au 3 février 2019 - Vernissage samedi 10 novembre 2018 à 11h
https://www.la-cuisine.frTout commence le 3 juin 2008. Berclaz de Sierre rencontre Johnny Depp dans un centre de récolte de sperme en Suisse alémanique. Après ce premier et unique contact, l'artiste entame un travail sur le destin de ce taureau abattu en octobre 2008, à l'âge de 21 mois, que son propriétaire avait choisi de nommer comme la star américaine.
Dans une démarche qui tient aussi bien de la recherche scientifique que de l'enquête de terrain, Berclaz de Sierre collecte des informations, rassemble une documentation, des objets, des témoignages qui donnent naissance à d'autres projets artistiques. Le tout forme un " musée " en chantier dédié à Johnny Depp et à
ses congénères.
Le projet Qui a mangé Johnny Depp ? fonctionne sur plusieurs registres. Il produit une documentation originale et invite à une immersion dans la vie d'un taureau inséminateur et de sa descendance, et propose aussi un questionnement sur nos modes de consommation, les conditions d'élevage et le rapport à l'animal.
Berclaz de Sierre vit et travaille en Suisse. Il a construit son identité d'artiste en la faisant naître en 1986 à Paris, après avoir suivi l'Ecole Supérieure d'Art visuel de Genève.
Exposition réalisée avec le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture.
Les semences est un programme d'expositions, de performances et de conférences proposé par Stéphanie Sagot, artiste associée à La cuisine durant les automnes 2018,2019 et 2020.
" Désignant aussi bien le liquide séminal que les graines, les semences portent en germe une vie, aujourd'hui sous contrôle.
La graine dans sa dimension végétative constitue une sorte d'existence en suspend, cachant derrière son apparence inerte une possible germination, désormais contrôlée par les entreprises de biotechnologies agricoles et les politiques publiques.
Le liquide séminal est actuellement prélevé, figé lui aussi mais cette fois par la congélation et commercialisé par l'industrie de l'élevage qui dirige la chaîne de cette vie animale. Ces croisements entre le vivant et l'industrie opérés par l'agrobusiness et les politiques agricoles réduisent ainsi au stade de produit ces semences qui portent en elles paradoxalement la stérilité, volontaire dans une perspective de profit et de maîtrise de la production animale et végétale, ou involontaire car conséquente aux divers traitements pesticides et sanitaires.
Les semences questionne notre place dans cette chaîne. Nous en sommes les héritiers, mais en sommes-nous les derniers vivants ? "
Stéphanie Sagot
Artiste associée de La cuisine, centre d'art et de design, Maître de Conférence à l'Université de Nîmes (responsable du groupe de recherche en création située SITé, membre du laboratoire MICA, Bordeaux), artiste et curator.