Cheick Oumar Kanté : Douze pour une coupe

Par Gangoueus @lareus


Cheick Oumar Kanté est un journaliste et écrivain guinéen. Je l’ai rencontré pour la première fois au festival Paroles Indigo dans le sud de la France à Arles. Je me propose dans le cadre de mon blog d’aborder plusieurs textes de cet auteur dont j’ai apprécié la simplicité et l’érudition lors de nos échanges.
Je pense cependant que son premier roman Douze pour une coupe n’est pas le meilleur projet pour aborder son univers. Ce titre qui renvoie en première lecture à des notions de football pourrait faire penser à la fusion d’un peuple qui soutient son équipe pour une victoire finale. La coupe en question porte le nom du chef de l’état du Sahel. Et la volonté de ce dernier est qu’elle reste au pays. Un cadre guinéen basé à Castres en France est invité avec sa famille à venir séjourner au pays à l’occasion de cet événement. Madi Kondé est installé en France depuis 20 ans. Il fait partie de ces cadres qui ont fui le régime précédent.
Le texte raconte le retour au pays natal de cet homme marié à une femme française. Son regard sur les pratiques mondaines observées à la capitale. L’accueil bienveillant dans son village de Soudoudou par sa famille et le reste du village. C’est un narrateur extérieur qui raconte ce retour au bercail dans lequel, sans intention affichée, Madi Kondé séduit ses interlocuteurs par le fait qu’il n’ait pas oublié certains us et coutumes et le respect des civilités. Des opportunités semblent s’offrir à lui sans qu’il en fasse cas et que ce soit un besoin pour lui. Néanmoins, sa femme et lui peuvent réaliser la différence de statut de Madi au Sahel et en France…
Douze pour une coupe, ce titre, sera interprété différemment à la fin de la lecture de ce roman. Douze signifie qu’il y a quelqu’un de trop. Cheick Oumar Kanté évoque un retour à la fois souhaité et inquiétant. Il met en scène différents acteurs avec des intentions, des intérêts différents autour de Madi. Personnes faisant entrée en jeu des pratiques, des méthodes pour avoir le contrôle de l’individu pour influencer sa décision de rester ou de repartir vers son lieu d’exil.
Si toutes ces pistes sont très intéressantes à explorer et le final très surprenant - je ne peux vraiment pas en dire plus pour garder les effets de la fin du livre - je n’ai pas adhéré à la forme littéraire proposée par Cheick Oumar Kanté. L’écriture m’a parue trop simple et peu engageante. Je poursuis avec son essai sur la place du griot dans la société guinéenne.
Cheick Oumar Kanté, Douze pour une coupe
Editions Présence Africaine, 159 pages, première parution 1987