Voici un extrait librement traduit du Poème sur le Frémissement (Spanda-kârikâ) qui explique en quel sens tout geste vivant résulte d'une identification à la conscience universelle, et donc d'une désindentification fugace d'avec notre personnage, même si d'ordinaire, cela passe inaperçu :
yataḥ karaṇavargo 'yaṃ vimūḍho 'mūḍhavat svayam |
sahāntareṇa cakreṇa pravṛttisthitisaṃhṛtiḥ || 6 ||
Nos facultés sensorielles et mentales ne sont pas du tout conscientes par elles-mêmes, mais elles prennent une apparence consciente et se mettent en mouvement parce qu'elles sont en contact avec la roue des énergie intérieures.
labhate tatprayatnena parīkṣyaṃ tattvam ādarāt |
yataḥ svatantratā tasya sarvatreyam akṛtrimā || 7 ||
On doit donc se donner entièrement à l'observation de cette réalité, on doit y mettre toute son ardeur, car cette réalité est vraiment toujours et partout libre et indépendante.
na hīcchānodanasyāyam prerakatvena vartate |
api tv ātmabalasparśāt puruṣas tatsamo bhavet || 8 ||
En effet, ça n'est pas grâce à sa propre volonté que l'individu peut agir. Il peut agir seulement parce qu'il embrasse la force du Soi, devenant ainsi l'égal du Soi doué de toutes les énergies.
Autrement dit, l'individu, à lui seul, ne peut absolument rien. C'est un seul Être qui perçoit et agit à travers d'innombrables corps, comme à travers des marionnettes.
En ce sens, tous geste (bouger, parler, penser) est une invocation de la Force, appelée aussi "le Soi". Donc toute existence est chienmanique.
Petit bhajan chamanico-shaiva contemporain ("boum boum" c'est le tambour (chamanique !) de Shiva) :