Dans le très troublant film de Paul Greengrass rappelant l'horreur du 22 juillet 2011 en Norvège, on ouvre sur des montages en parallèle de jeunes gens, extrêmement positifs, prêts à parler d'avenir en société et de futur pour la Norvège et on alterne avec l'assassin en devenir, seul sur sa ferme, préparant ses stupidités.
Le premier groupe a beaucoup de plaisir. Ils chantent, échangent, débattent et plus souvent qu'autrement, s'amusent. L'autre est isolé. Encore plus isolé dans sa propre tête. Mais pas complètement non plus.
Quand il aura commis tous ses crimes, ayant envoyé une diahrée politique par courriel, sa propre mère, pendant que l'assassin est en procès, demandera à son avocat "Mais mon fils avait un peu raison, n'est-ce pas?".
Désillusion.
Le film est tout simplement bouleversant. Dur à supporter.
La réalité, imbuvable et indigeste.
Dans les années 80, en 1981 plus précisément, aux États-Unis, Ronald Reagan alors président républicain, avait ceci à dire sur le racisme aux États-Unis.
Quelques groupes isolés, dans les eaux troubles et sombres de la vie américaine, gardent toujours cette notion perverse de ce à quoi devrait ressembler les États-Unis. Récemment, à certains endroits dans la nation, sont survenues de dérangeantes récurrences de racisme et de violence.
Vous êtes les déphasés de notre société. Vous êtes ceux qui violez volontairement le sens du rêve américain. Et ce pays, pour ce qu'il représente, ne défendra jamais votre conduite.
Mon administration enquêtera vigoureusement et traduira devant les tribunaux tous ceux qui, par la violence ou l'intimidation, tenterons de porter atteinte aux droits constitutionnels des autres.
Le président républicain actuel ne pouvait pas dire une telle chose. Il est un de ces déphasés dont parle Reagan.
Quand un conducteur (blanc suprémaciste) a roulé volontairement avec sa voiture-bélier sur une militante en faveur de la cause des noirs, à Charlottesville, le 12 août 2017, tuant Heather D. Heyer, une assistante juridique de 32 ans, le procureur général Jeff Sessions a tout de suite parlé d'un acte de terrorisme intérieur.
Son président, en revanche a été infect.
Les manifestations d'alors opposaient des gens qui voulaient que l'on retire les statues honorant les héros racistes de la Guerre de Sécession (beaucoup de noirs, mais bien des blancs équilibrés) et ceux qui insistaient pour que les drapeaux confédérés et les statues restent fièrement en place (Tous des blancs). Celui qui a foncé sur Heather D.Heyer était aussi sympathisant néonazi.
Après plusieurs jours sans se prononcer sur la chose, on a extirpé du président l'horrible phrase "..il y avait des responsables de chaque côté."
Mais surtout la réponse suivante quand on lui a demandé ce qu'il pensait des suprémacistes blancs :
"...il y a de bonnes personnes parmi ces gens-là..."
Il a aussi refusé de parler à la nation ou faire un discours comme Reagan l'avait fait dans des circonstances semblables, en 1981, devant la Nationale Association for Advanced Colored People (NAACP).
C'est ce gnome mental qu'on validera à nouveau comme président ce soir aux élections de mi-mandat aux États-Unis.
Un homme qui pourrait faire grand cas, et tirer une grande fierté de pisser debout.
Un enfant.
Nous verrons demain matin si la réalité est toujours aussi indigeste et imbuvable qu'elle l'était aujourd'hui.
Où un président blanc défend rarement un citoyen noir, et où il suggère de fusiller du Mexicain à la frontière.
Nous verrons si les États-Unis vivent toujours sous le joug de la désillusion groupale.