Au début, on se dit, ce n’est qu’une passade, allez. Tant pis, ce serait le temps de quelques mois. Histoire d’aller mieux, de passer à autre chose. Puis les mois passent, et moi aussi je suis passée à autre chose. Ce n’est pas évident tous les jours, mais j’ai repris ma vie en main.
Pourtant la panne d’écriture mais surtout de lecture continue.
Quel gouffre ! J’ai par moment de vraies sensations de manque. J’aimerais tant retrouver la douceur de la lecture, lovée dans mon lit ou bien installée dans un parc, dans un café. Ces petits rituels que j’avais auparavant me manquent. Il est vrai que je travaille plus, que beaucoup de mes heures libres sont réservées à présent au sport, à la cuisine ou… à la sieste – le boulot m’épuise ! Mais auparavant, même si j’étais fatiguée ou pressée, je me souviens, je lisais même en marchant, ou dans le métro, tellement j’aimais ça ! Où donc est-ce passé ?
J’ignore si c’est un blocage. En tout cas, je sais que ma passion est toujours là. Aujourd’hui, je retrouve le plaisir de m’informer des dernières sorties, de me plonger dans le magazine Lire, de voir des vidéos Booktube et de traîner sur des blogs livresques. Pour vous dire, j’ai même prévu de retourner au Salon du Livre de Paris en mars prochain. Pourtant, quand j’essaie de suivre mon instinct et que j’ouvre un roman, je n’arrive pas à dépasser en règle générale les dix premières pages.
J’ai tout essayé ! Relire des œuvres que j’adore et qu’en temps normal je peux relire encore et encore. Essayer des petits romans, des textes courts pour ne pas m’essouffler en cours de route. Découvrir des romans qui pourraient me correspondre et dont je n’entends que du bien. Voire même tenter de lire des choses qui changent mes habitudes – que ce soit dans la forme, le choix de l’histoire et du thème, le genre… Lire des livres destinés aux ados, lire du young adult : je me disais qu’il serait plus facile pour moi d’embarquer dans ce genre d’histoires. Une fois, j’ai réussi sans me forcer : c’était un roman feel-good facile, avec de la romance et de la gourmandise ; quand j’ai voulu retenter l’expérience, rien à faire, ça ne fonctionnait plus.
Près de mon lit, il y a une romance adolescente à peine entamée, sur ma table basse une dystopie en un seul volume qui me plait bien mais je n’ai pas dépassé le deuxième chapitre, dans ma bibliothèque, quatre sagas que j’adore mais que j’ai arrêté en cours de route. Déprimant.
Mais, vous savez ? Je crois que la clé c’est de s’écouter. J’avais envie de relire ? Non, je voulais juste retrouver cette sensation d’être toute à son aise, dans sa bulle, de vibrer au même rythme que les personnages. Et je voulais faire partie de ce monde livresque qui me manquait. Je me remettais presque à lire (ou à essayer plutôt) pour les mauvaises raisons en fait : je me forçais pour redevenir la grande lectrice qui s’enquillait tout ce qui lui passait sous la main à un rythme effréné.
L’automne s’installe en ce moment à Toulouse, et c’est le bon moment. Je le sens là, au fond de mes tripes. Titiller par le NaNoWriMo, la passionnée de livres que je suis toujours est de plus en plus attirée par sa bibliothèque. Comme beaucoup d’entre vous, je suis persuadée que pour écrire, il faut lire beaucoup. Se gorger des mots des autres. C’est en imitant qu’on apprend !
J’ai envie de relire Harry Potter ou L’Epouvanteur. Voire même Le Trône de Fer – mais je ne le ferai pas, je ne vais pas cramer toutes mes cartouches maintenant ! Voilà, j’en ai juste envie. Et rien que ça c’est formidable. Savoir que cet après-midi, il fait beau, je vais courir mes dix kilomètres au soleil, puis me décarcasser en râlant sur le forum pour faire mon quota de mots pour le NaNo et finalement passer la soirée à lire… J’en frétille d’avance ! Je suis heureuse de savoir que je vais lire.
Les amis, je crois que là c’est la bonne.
Et très sincèrement, vous ne vous doutez pas de toute l’émotion qui m’envahit quand je vous dis ça. La lecture, les livres, la communauté autour, c’est tellement important pour moi. C’est un vrai pan de ma vie, ça fait partie de ma construction personnelle. Je ne suis pas entière sans cela. C’est un immense bonheur de me dire que peut-être je vais m’en sortir. Une panne de lecture, ça peut être tout et n’importe quoi. Dans mon cas, ça marquait clairement un problème d’unité et de calme dans ma vie. Je suis heureuse de vous retrouver.