Tous les mois (dans les 10 premiers jours) tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers) et la musique (vers le milieu), je vous entretiens de cinéma. Une forte passion chez moi.
Je vous parle d'un film qui m'a charmé, par sa réalisation, sa trame sonore, sa cinématographie, ses comédiens, son scénario, son propos, tout ça en même temps. Je vous parle d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix. Un film qui a ouvert mes sens.
J'ai étudié et travaillé dans le cinéma. C'est une passion qui ne s'efface pas comme ça. Je consomme encore régulièrement des films (ou des séries) dès que j'en ai la chance. Quiconque clique sur "J'ai Vu" en haut à droite, le constatera, je vois beaucoup.
Aujourd'hui je vous parle de ce qui a donné le nom à la chronique, un film qui fête cette année ses 30 ans cette année, parfum de magie.
CINEMA PARADISO de Giuseppe Tornatore
Quiconque me connait sait à quel point je suis un grand fan de cinema italien.
En 1988, j'avais 16 ans. Je vivais une première réelle passion amoureuse. Dans le cinéma pyramidale de mon 418, jouait des films qui n'étaient jamais des films hyper populaires. C'était davantage des films européens ou étrangers. Moins grand public, les salles étaient d'ailleurs toute petite. J'y étais abonné et ça s'appelle Le Clap.
Comme le film faisait la Une du magazine mensuel du Clap, il ne faisait aucun doute que j'irais voir ce film. Avec ma douce. Et quel charme!
Giuseppe Tornatore est un jeune prodige italien. À mon âge d'alors (16 ans), il avait monté des pièces de Pirandello et de De Fillipo (Ironiquement, je jouerai celui-là deux ans plus tard, à l'Université). En 1988, il a 32 ans. À 28 ans, il coscénarise et assiste à la réalisation d'un film de Giuseppe Ferrara. À 30 ans, il traite du milieu "napolitain" et fait le saut comme unique réalisateur lui-même.
Le film attire tant l'attention autour du jeune réalisateur que le célèbre producteur italien Franco Cristaldi l'approche et le finance pour son second film.
Pour raconter l'histoire d'une relation entre un projectionniste de cinéma paroissiale d'Italie des années 50, gérant de l'endroit, un peu curé, un peu moralisateur, responsable autoproclamé du comité de censure, et le petit "Toto", que l'on imagine facilement être Tornatore lui-même à cet âge, Giuseppe fera prendre en photo des centaines de petits garçons entre 8 et 10 ans, pour trouver son jeune comédien, qui portait d'ailleurs le même prénom que le personnage qu'il allait incarner: Salvatore.
Le film ouvre à l'époque actuelle où Salvatore, adulte, oeuvrant dans le cinéma à Rome, ce qu'il avait promis de faire au projectionniste Alfredo, 20 ans auparavant, apprend son décès. Salvatore retournera dans son village, et revivra 30 ans plus loin dans ses souvenirs.
Tornatore voulait parler de la fin des salles de cinéma traditionnelles qu'il sentait venir avec le succès des clubs vidéos et de la télé payante. La musique d'Ennio Morricone raflera le David Di Donatello de la meilleure musique et reste encore aujourd'hui de très jolis morceaux de musique à se mettre en oreille.
Les performances de Phillippe Noiret et Salvatore Cascio sont absolument touchantes. Jacques Perrin incarne Salvatore, adulte. Marco Leonardi incarne "Toto" ado. Noiret, grand adepte du cigare fera une exception pour le petit "Toto" qui ne supporte pas l'odeur du cigare, et ne fumera pas sur le tournage. Chose qu'il ne faisait pas pour DeNeuve ou Loren...
Plusieurs versions existent, l'initiale de 2h50, puis, celle raccourcie à 2h35. Finalement, celle auquel l'Amérique a eu droit fût celle de 2h03, n'incluant pas Brigitte Fossey dans le rôle de la belle Maria, adulte.
Cinema Paradiso nous arrache des larmes facilement. Le film a gagné l'Oscar du meilleur film tourné en langue étrangère, le Prix du Jury au Festival de Cannes, Le Golden Globe du meilleur film tourné en langue étrangère, 5 BAFTA en Angleterre: meilleur acteur, meilleur second rôle masculin, meilleur film non anglophone, meilleure bande sonore originale et meilleur scénario original.
Tornatore ne touchera jamais plus cette grâce de la même manière dans le futur.
Splendide voyage italien.