Aux Etats-Unis, le coût total des réadmissions est estimé à plus de 25 milliards de dollars par an. Parvenir à réduire les taux de ré-hospitalisation est un défi prioritaire pour tous les systèmes de santé. En révélant que chaque jour passé à l'hôpital « fait grimper » le risque de réadmission de 2,9%, en particulier dans les zones rurales et en précisant les facteurs de risque de réadmission, cette étude menée dans la zone rurale des Appalaches va permettre de mieux prévenir le risque et de réduire les dépenses de santé considérables associées à ces hospitalisations répétées. Les données sont présentées dans le Chest Journal et lors de la réunion annuelle du Congrès CHEST 2018.
C’est en effet l’un des axes d’économie du système de santé américain, avec des interventions comme le Programme de réduction de la réadmission à l'hôpital qui, dans le cadre de la Loi sur les soins abordables pénalisent les hôpitaux présentant des taux de réadmission plus élevés. L’analyse des données de cette zone rurale spécifique, révèle que les établissements de santé de la région, comme de nombreuses zones rurales, affichent des taux de réadmission supérieurs à la moyenne nationale. Ainsi, les hôpitaux des « territoires » s’en retrouvent pénalisés par rapport aux grands centres hospitaliers universitaires.
L’étude a suivi 15.500 patients admis dans des hôpitaux des Appalaches de janvier 2014 à octobre 2017. Les chercheurs ont pris en compte toute une série de variables telles que la durée du séjour, l'âge, le sexe, le « payeur » des soins de santé, le mois / jour / heure de sortie, le tabagisme ou l’arrêt du tabac, la prise de médicaments à la sortie et une série de diagnostics concomitants tels que le diabète, l’hypertension, l’insuffisance rénale chronique et les troubles psychiatriques.
L’analyse conclut que chaque jour passé à l'hôpital est associé à une augmentation de 2,0% du risque de réadmission : ainsi, parmi les conclusions significatives,
- les patients libérés plus rapidement sont moins susceptibles d'être réadmis que ceux libérés après un séjour prolongé à l’hôpital ;
- les patients qui sortent avant 13 heures s’avèrent moins susceptibles d'être réadmis que ceux libérés après 13 heures ;
- les anciens fumeurs sont plus susceptibles d’être réadmis que les non-fumeurs et les fumeurs en cours de sevrage ;
- les patients présentant un diagnostic concomitant de BPCO, de diabète de type 2, d'hypertension, de troubles psychiatriques et d'insuffisance rénale chronique ont un risque plus élevé de réadmission.
Les facteurs majeurs de réadmission à l'hôpital dans cette zone rurale se révèlent être l'augmentation de la durée de l’hospitalisation et le tabagisme. Cependant, l'étude ne signifie pas qu'il faille réduire à tous crins les durées d'hospitalisation. Cependant, à la lecture de ces premières données, il devient déjà possible de mieux cibler la prévention du risque de ré-hospitalisation, et, en pratique, de travailler à la réduction de la durée du séjour, à la sortie des patients avant 13 heures, au sevrage du tabagisme chez les patients fumeurs et à une meilleure surveillance des patients atteints de certaines comorbidités.
Source: Chest Journal October 2018 CAUSES AND PREVENTION OF HOSPITAL READMISSIONS: COMPARING NATIONAL TRENDS TO RURAL SOUTHERN APPALACHIA
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Équipe de rédaction Santélog Nov 5, 2018Rédaction Santé log