« Je compose et chorégraphie de la musique, une performance et des environnements pour élargir les consciences, en troublant les frontières de notre perception et communication binaires. »
Après Elation en 2015, voici le second album de l’artiste américain Colin Self. D’ailleurs, il s’agit même de la partie finale d’un opéra en six parties justement intitulé Elation. En effet, Colin Self n’autorise aucune frontière ou limite entre sa musique, son art et ses performance, comme le laisse anticiper par exemple le visuel de Raúl De Nieves pour l’album. On se situe aussi bien dans des espaces réelles tels Los Angeles et Stockholm que les plaines de Jamaïque sur fond de fête d’Halloween !
Musicalement, si Siblings est votre porte d’entrée dans le monde de Colin Self, il y a de quoi s’y perdre : est-ce de la musique électronique ? De la musique classique ? Imaginez le mix parfait entre Antony and the Johnsons et ANOHNI. Oui, je sais très bien que ce sont les deux projets d’une seule personne, mais je trouve que Colin Self s’inscrirait parfaitement dans ce lien entre les deux, lien que certains fans de la première heure d’Antony Hegarty auraient sûrement souhaité. Personnellement, je me suis rapidement fait à ANOHNI, mais du coup ai un peu oublié l’avant.Je m’égare, mais volontairement. Car avec Colin Self, je retrouve les deux mondes, dans une sorte de clash musical assez invraisemblable. Les chansons s’enchaînent mais ne se répondent pas – ou, si elles se répondent, c’est justement pour se claquer des portes au nez !
Il y a une thématique au centre de Siblings : plus exactement, une famille non biologique, dont les membres sont liés par la curiosité et l’affection et parvenant à se réunir sur une planète endommagée.L’album se veut une sorte de scrapbook sonore ou un collage sur un tableau d’affichage, mais avec un sens très réfléchi de la composition qui ne laisse pas le hasard s’immiscer.
D’un point de vue global, je dois bien avouer que c’est la troisième fois cette année que je me retrouve face à ce genre d’ambiance très spéciale : après SOPHIE et Lotic, Colin Self vient lui aussi avec une musique qui part, volontairement et avec maîtrise, dans tous les sens, avec une grandiloquence plus exagérée encore.
Impossible de ne pas réussir à imaginer à quoi doit ressembler une performance de Colin Self, tant sa musique dégage déjà, à elle seule, une théâtralité exacerbée. Et puis, tout simplement, Siblings est une épopée musicale littéralement splendide comme il est rare d’en avoir entre les oreilles : un album totalement génial, dansant et lyrique à la fois.
(in heepro.wordpress.com, le 02/11/2018)
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