Si Marie Davidson a fait ses débuts musicaux en apprenant le violon, elle aurait souhaité apprendre le piano – mais ce n’est pas le même budget. Dans tous les cas, elle s’est épanouie en parallèle grâce à la musique des années 90 de son adolescence, essentiellement entre rock, hip-hop et R’n’B.
Bien entendu, on connaît également la Montréalaise pour le duo Essaie Pas qu’elle forme avec son mari (Pierre Guerineau), et ses débuts en solo remontent à un premier EP en 2012 puis, surtout, à la publication de son tout premier album en 2014.
Quatrième de sa discographie personnelle, Working Class Woman possède tout d’un classique immédiat : des points d’ancrage fort, de l’ambition, une envie de se faire plaisir, le tout dans un style reconnaissable et original à la fois, car sans concession voire parfois avec un brin de cynisme ou de provocation.
De mon point de vue personnel, je placerais l’album à la croisée d’une Miss Kittin (car si elle chante en anglais, la Française utilise également la langue de Molière et, dans tous les cas, ne renie jamais son accent maternel, et la provocation n’est pas l’un de ses points faibles non plus) et de Peaches (pour la folie de la Canadienne, en pensant en particulier à ses deux derniers albums qui sont tout de même bien moins virulents qu’à ses débuts, en particulier « Work it »). On pourra aussi trouver quelques similitudes avec Helena Hauff pour ce côté très dancefloor et des sonorités techno très 90’s (« Lara »). Et puis il y a, je trouve, quelques échos assez brutes dignes de Fatima Al Qadiri (« Day dreaming »), laquelle est pour le coup très ancrée dans les années 2010’s.
En effet, Marie Davidson propose une musique forte, rythmée, et avec des paroles qui paraîtront banales dans leurs thématiques mais finalement osées et sans gêne aucune, elle qui travailla comme serveuse avant de prendre la route comme artiste musicale ou DJ. Et c’est ce quotidien qui inspire une majeure partie de ses paroles, comme pour les exorciser mais jamais les banaliser.
Marie Davidson s’impose ici en tant qu’artiste – et dès lors en tant qu’artiste féminine, ce qui même en 2018 n’est pas aussi évident qu’il n’y paraît. Sa musique s’adresse forcément à un public restreint, tout le monde n’étant pas ouvert à ce genre d’univers pourtant très branché. Car, cependant, Working Class Woman est résolument un album de notre génération, et il devrait rapidement devenir un modèle du genre.
(in heepro.wordpress.com, le 01/11/2018)
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