En effet, une fois passée l'incontournable restitution des chiffres du trimestre (aux couleurs mitigées, apparemment), la banque espagnole a consacré une partie conséquente de son exposé [PDF] (aux analystes comme aux journalistes) à la démonstration de la pertinence de son positionnement de banque « digitale » ET d'entreprise technologique. Pour une fois, nous pouvons donc mesurer les retombées concrètes d'une stratégie de transformation sur l'évolution d'une institution financière.
En premier lieu, BBVA revient bien évidemment sur la performance de ses ventes « digitales » qui, après avoir franchi le seuil des 50% sur un mois (en Espagne) sont en forte progression dans tous ses pays d'implantation (la moyenne globale atteint presque 40% sur une année). Les détails fournis permettent de découvrir que la croissance est particulièrement forte sur le segment des PME et sur les produits d'assurance. Il convient également de noter que le crédit hypothécaire approche les 10%.
Plus intéressant encore, la banque révèle la part en valeur de ces ventes « digitales » (et non plus seulement en nombre). Si elle est naturellement plus faible (un peu plus de 30% à l'échelle mondiale) car les produits simples et à moindre rendement sont plus fréquemment souscrits en ligne ou sur mobile (sauf aux États-Unis), la différence n'est pas si importante qu'on pourrait l'imaginer a priori. Ce constat confirme que le choix de déployer l'ensemble du catalogue sur tous les canaux de la relation client est avisé.
D'autres indicateurs procurent une perspective tout aussi passionnante sur la transformation de BBVA. Son impact sur la fidélité, par exemple, est aux antipodes de certaines croyances : un an après leur « digitalisation », le nombre de produits souscrits par les clients espagnols croît (de 3,5 à 4,7 en moyenne), alors qu'il stagne pour ceux qui conservent une relation classique, ce qui se traduit mécaniquement par une augmentation de 22% de la marge brute qu'ils dégagent, contre une baisse de 5% pour les autres).
Enfin, BBVA réserve une place (certes modeste) dans sa présentation à quelques éléments marquants qui contribuent à l'efficacité de son organisation informatique. Elle fait notamment valoir l'adoption de méthodes agiles par 12 000 de ses collaborateurs, grâce auxquelles elle estime que la productivité de ses développeurs explose (multiplication par 6 en 2 ans du nombre de fonctions réalisées par chacun). Elle vante aussi sa capacité de réutilisation, citant l'exemple d'un projet mis en œuvre au Mexique, puis au Pérou et en Colombie, avec une réduction sensible des délais à chaque fois.
Le groupe considère que son positionnement « digital » est essentiel à sa performance à court terme – participant directement à la croissance de son ROE, aujourd'hui à plus de 12% – et à long terme. En conséquence, il poursuit sans hésiter ses investissements en la matière, à la fois pour accélérer son développement et améliorer son efficacité opérationnelle. Quel contraste avec BNP Paribas, annonçant le même jour une réduction du budget alloué à sa transformation afin de redresser sa rentabilité immédiate !