Pour parvenir à ce tour de force, elle utilise le noir et blanc et adopte différents styles graphiques au long du récit. Jamais purement réaliste, mais naturaliste parfois dans ses paysages, symboliste pour certains événements, où les mots prennent le pas sur le dessin pour raconter ce qui ne peut être montré. Les personnages stylisés au trait dense demeurent expressifs et attachants. Les décors parfois nappés de noir et parfois magnifiquement rendus au hasard d'un trait de pinceau pour une branche, un épi dans la campagne, n'adoucissent pas l'histoire, mais permettent des pauses nous laissant reprendre notre souffle.
Magnifiques paysages esquissés à l'encre... Ou le calme avant la tempête et le drame
Cela rappelle aussi que la nature continue à vivre, les saisons passent, indifférentes à l'horreur humaine. Ces variations de style, ce contraste ne nous éloigne jamais du cœur de la narration. Il prend sens dans l'histoire, l'enfance laisse la place à l'adolescence et des traits plus bruts, et des dessins aux multiples petits traits tracés marquent également le présent et la rencontre des deux femmes. Cette BD qui peut sembler graphiquement simple au premier abord est un trésor de variations intéressantes, prenant toujours son sens au rythme du récit. Pour son graphisme étonnant, pour ce récit émotionnellement chargé, il faut lire cette BD. Mais aussi par devoir de mémoire, car le drame des esclaves sexuelles, surnommées « Femmes de réconfort », ne peut être laissé sous silence et cette BD contribue à faire connaître ce morceau d'Histoire mais aussi ses conséquences. D'ailleurs, à la fin de la BD, des textes de l'auteure mais aussi de Yun Myungsuk, historienne, nous en disent encore plus. Zéda rencontre Oksun Lee !
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