C'est vrai, plusieurs regards sont nouveaux. Mais pour ma génération ( je suis né en 1972) ce respect a été relativement présent de l'enfance à nos jours.
Bien entendu, il y a toujours eu et il aura toujours des dérives. Une figure d'autorité politique se moquant d'une victime de viol et tentant de faire passer les hommes pour des victimes ensuite par exemple.
Mais pour ma génération, l'égalité des chances a toujours existé dès le départ. Pas mal partout. C'est en grande partie grâce à l'éducation que nos parents nous inculquait, mais aussi, les images qu'on nous envoyait un peu partout étaient bien celles de femmes, capables de faire absolument tout comme les hommes. Sans complètes ou nécessaires surprises.
En musique, on a vu peu à peu les artistes féminines lutter à armes égales avec les artistes masculins. Puis, Madonna, proposer la vente du corps comme outil de marketing. Le videoclip a favorisé la vente de musique, et la Madonne a bouleversé la présentation. Les résultats sont aujourd'hui sans équivoques. If you can sell the music, sell the body. Pas certain que ce soit 100% bien équilibré, mais bon...
Dans les années 80, j'avais de 8 à 17 ans. Des années charnières. Voici 10 chansons de chanteuses, sur 10 ans, qui ont capté mon attention et pourquoi. À cet âge de testostérone, le désir guidait souvent mes appétits auditifs (et visuels). Ça peut aussi aider à comprendre les sentiers qui nous ont mené vers nos appétits sexuels actuels.
1980 The Winner Take It All d'Abba
Mes parents avaient respectivement 33 et 32 ans cette année-là. Mon anniversaire à moi coincide toujours avec le Super Bowl. Ma première expérience de Super Bowl conscient a été celle de 1980 opposant les Eagles de Philadelphie de Ron Jaworski aux Raiders de L.A. de Jim Plunkett en 1981.Cette année-là c'était encore à deux semaines de ma fête, mais chaque Super Bowl, on achetait, toute la famille, le baril de poulet Kentucky, le seul que nous mangions dans une année. C'était magique. Quand L.A. a gagné le Super Bowl, NBC avait présenté un montage touchant des Eagles abattus, sur la chanson d'ABBA. Je connaissais déjà la chanson qui jouait beaucoup chez nous, mes parents étant alors de grands fans du groupe suédois. Cette chanson a été écrite par Bjorn Ulvaeus, au moment même où il se séparait de sa partenaire, la blonde et affriolante Agnetha Faltskog. Il lui a demandé de la chanter, bien que ça parlait d'eux deux. Elle trouvait le morceau si touchant qu'elle a accepté. C'est encore un de mes morceaux préférés du band. C'est la préférée de Faltskog.
1981 Physical d'Olivia Newton-John
La chanson était nettement sexuelle. À l'époque, la jolie Olivia ne voulait pas enregistrer le morceau étant au quotidien, nettement plus sage. Ne se souciant aucunement ni de grossophobie, ni d'homophobie on présentait plusieurs obèses dans le clip face à une Olivia Newton-John fortement "agace" et le gag final se servait d'allusions homosexuelles.. Mais on présentait aussi quelques monsieur muscles et bobettes-pénis boys. Le video a horriblement vieilli et elle doit regretter plusieurs moments. Mais elle capitalisait sur la naissante popularité des salons de gyms, qui devenaient (et sont toujours) des lieux de rencontres potentiels entre partis. On la trouvait jolie, Oly. Comme MTV débutait ses activités, elle a aussi beaucoup tourné à la télé comme à la radio.
1982 Self Control de Laura Branigan
Bien que d'origine irlandaise, Laura avait un lien direct avec l'Italie. Son hit avait été Gloria, adapté d'un hit d'Umberto Tozzi. Le clip pour Gloria était tiré d'une simple performance télé. On avait pas encore compris le véhicule publicitaire offert par le clip. Mais pour le second extrait de son album on scorait encore plus fort. Pigeant encore du côté de l'Italie. On faisait appel au réalisateur oscarisé William Friedkin pour tourner le clip. Un clip hanté qui aurait une place de choix dans les historiques "nuits de vidéos" parmis les plus terrifants vers minuit avec le Thriller de Micheal Jackson, Rockit d'Herbie Hancock et le clip de Rockwell. Laura était très affolante pour les jeunes garçons que nous étions (on nous voit passer vers 1:08:)
1983 Sweet Dreams (Are Made of This) d'Eurythmics.
1984 Private Dancer de Tina Turner.
Mark Knopfler de Dire Straits compose un morceau pour leur album de 1983. Il trouve toutefois qu'il s'agit d'un morceau qui conviendrait mieux à une femme. Il le retravaille beaucoup et lui offre. Tina, qui prépare un retour, l'accepte. Sans réaliser tout de suite qu'elle chantera du point de vue d'une prostituée ou d'une stripteaseuse. Elle en assumera le rôle quand même et en fera même la chanson titre de son album qui sera couronné de Grammys. Elle n'assume pas à 100% puisque le fort joli clip demeure introuvable de nos jours. Les membres de Dire Straits jouent sur le morceau (sauf Knopfler) et Jeff Beck est à la guitare. C'est mon premier contact avec Tina.
1985 Crazy For You de Madonna.
J'ai 13 ans. On commence à danser des slows avec des filles sur ce morceau. Dès les premières notes, on cherche des yeux une partenaire ciblée ou non et vice versa. Madonna a changé la méthode de présentation musicale. Une femme peut approcher la sexualité de manière aussi agressive et volontaire qu'un homme. La sexualité peut être une arme de manipulation claire. Je ne serai jamais un super fan de la Madonne, mais je reconnais l'impact important qu'elle a eu en société. Cette chanson détonne des chansons de Madonna et a été composée pour le film Vision Quest, rebaptisé en Europe, Crazy For You afin de capitaliser sur le hit. Le film présente aussi un personnage féminin nettement plus fort que la traditionnelle princesse qui attend son prince charmant, son approvisonneur ou son sugar daddy.
1986 Boule de Flipper de Corynne Charby.
J'étais si amoureux de Corinne à cette époque que j'en ai gardé un amour des brunes éternel. Ma conjointe est aussi brune. La chanson, composée par le chanteur Christophe pour elle, est toujours, de nos jours, sur mon téléphone. Plaisir coupable. Il n'y a que les Français pour appeler la machine à boule "flipper".
1987 Let's Wait Awhile de Janet Jackson.
J'étais aussi très amoureux de Janet. Son premier album me fascinait (me fascine encore) de simplicité. On y trouve d'assez peu compliqués riffs musicaux répétés ad nauseam. On y chante moins qu'on scande. Tout semblait si simple pour la soeur de l'autre. Après s'être plainte de ce qu'on avait vraiment fait pour elle dernièrement, avoir joué au bouc avec des "méchants garçons", comme "méchantes filles" (avec une jeune Paula Abdul), avoir jammé électroniquement dans l'illusion d'un seul plan et avoir souhaité couper le cordon d'avec papa, elle offrait un 5ème single, accompagné d'autant de clips, cette fois, parlant cette fois de préserver sa virginité afin d'attendre le bon moment pour faire couchi-couchi avec son chéri. Ironiquement, je faisais le contraire la même année. Funny how time flies, when you're havin fun...
1988 I Hate Myself For Loving You de Joan Jett & the Blackhearts.
Bien sur que les femmes peuvent rocker! Joan a trouvé le riff et chantait d'abord "I hate myself 'cos I can't get laid". C'est le prolifique auteur "métal" Desmond Child, co-auteur de I Was Made For Loving You et You Give Love a Bad Name, qui l'a convaincue d'y inclure plutôt "love" ou un de ses dérivés pour qu'elle joue à la radio. C'est Mick Taylor, ancien Rolling Stones, qui fera toutefois toute la guitare sur le produit final. Steven Tyler d'Aerosmith racontera, à une époque moins MeToo, qu'il se présentera un soir, nu, à la porte de la chambre d'hôtel de Joan, lui disant le titre de cette chanson lorsqu'elle l'ouvrit, avant d'être promptement rejeté.
1989 Straight Up de Paul Abdul.
Personne ne croyait en ce morceau quand Paula l'a enregistré. D'autant plus qu'il parlait du point de vue d'une jeune femme voulant que l'homme qu'elle admire soit sérieux avec elle, ayant connu des échecs douloureux par le passé au niveau amoureux et que ce morceau était écrit par un timide homme blanc de 35 ans. On a lancé deux autres singles qui ont fait patate avant celui-là. C'était son premier album. Elle avait été auparavant meneuses de claques pour les Lakers de Los Angeles au basketball, danseuse, en plus de travailler avec ZZ Top, Duran Duran et Debbie Gibson avant de commencer une carrière bien à elle. Je la trouvais sexy as hell. Please, please, oh please, please. David Fincher, brillant réalisateur de films depuis, a tourné le clip. C'est la chanson pour laquelle on la reconnaîtra comme chanteuse.
Ironiquement, Paula se fera prendre dans un "hit and run" 15 ans plus tard quand on photographiera sa plaque d'immatriculation alors qu'elle fuyait la scène du crime.
La Femme prenait de plus en plus sa place en musique, mais si vous portez attention, seulement 3 de ces 10 chansons (Joan Jett, mais encore, aidée de Desmond Child, Janet Jackson aidée de plusieurs hommes et Annie Lennox, aussi aidée de Dave Stewart) sont des compositions dont l'auteur sera Femme.
Ça allait aussi changer.
Un peu...