Augmenter la dose, rapprocher les prises...
Jusqu'à l'extinction de l'âme... C'est mon drame.
La dose de nicotine, la dose d'alcool, la dose d'opium...ça m'épate, ça m'éclate...cette vie qui se déchire, qui renonce au meilleur et se prononce pour le pire.
J'exulte en observant ce culte qui me rend si inculte jusqu'à confondre la chimie et l'alchimie...chimie hâtive, alchimie négative.
La bête de somme que je suis, consomme et se consume
Pour me racheter, je veux tout acheter...de la plénitude à la vacuité...
Pouvoir, gloire et beauté...je ne peux vivre ma vie sans la rater.
C'est l'au-delà que j'exige ici-bas...la vie sous l'emprise de la pulsion de mort.
Augmenter la dose, multiplier les prises...et les surprises.
La drogue, le jeu, la musique, l'amour peuvent devenir les plus sombres empires où l'on y perd la main pour prendre son pied...
Et ça s'arrose à chaque fois qu'on augmente la dose, on oublie la cause, volonté de déchéance qui n'est in fine que la déchéance de la volonté.
Un désir épris de désir pour intensifier le plaisir...aimer à en mourir...mourir d'aimer.
Affliction, addiction...je préfère parler de déréliction...d'abandon de soi et des autres...c'est moi sans moi...l'être accouplé au néant... J'augmente la dose et je m'accorde de moins en moins de pauses.
C'est féérique, euphorique...douleur bénéfique...bonheur maléfique... être et ne pas être en même temps...se sentir disparaître au fur et à mesure des prises, à chaque reprise ça s'accélère...le cœur bat plus fort et l'âme s'envole plus haut dans l'atmosphère...
Il n'y a plus que le corps comme décor, musique devenant mystique.
Je ne me contente pas de forcer la porte du rêve, je la défonce...
Et je m'enfonce... en écoutant cet air qui en dit plus long sur moi que moi-même...
J'augmente la dose, et je rapproche les prises...pour ressentir jusqu'à quel point la vie, c'est de l'héroïne.