" Et, en effet, je suis resté pendant quelque temps stupéfié par les observations que j'avais faites sur le boulevard de Gand, et surpris de trouver au mouvement des couleurs aussi tranchées [...] ".
" Donc, pour bien marcher, l'homme doit être droit sans roideur [...] ".
J'emprunte le titre de cet article (et les citations) à celui d'un écrit d'Honoré de Balzac (1799 - 1850) publié en 1833. L'auteur s'y fait l'instigateur d'une nouvelle science. Celle-ci a tout à fait sa place de nos jours, où l'homme marche dans tous les sens... ou devrais-je dire qu'il court... et de plus en plus vite. On paye même des millions des gens pour le faire après un ballon !L'être humain a d'abord marché, puis il s'est fait porté, sur un cheval, par d'autres hommes, dans un véhicule qui au XIXe siècle s'est motorisé. Puis il a volé, voyagé dans l'espace... Il a inventé toutes sortes d'engins pour 'avancer' : skis, planches (à roulettes, à voile...), bicyclettes, vélomoteurs, trottinettes, trains, etc. Pour cela il a construit des routes, pollué la planète toute entière... Nous sommes aujourd'hui dans une marche monnayée par les marchés et les marchands qui font des marcheurs des marchepieds !
La démarche est une manière de bouger le corps et l'esprit : de marcher, une attitude personnelle ou artistique... Elle imprime dans l'espace et par le mouvement un style, qui chez le gandin est un " chic " pour reprendre un terme issu de l'art. Elle dessine sur les parois de la caverne de Platon (vers 428 - 348 av. J.-C., livre VII de La République) une silhouette... qui par l'harmonie pouvant transparaître, rappelle que ce reflet est celui d'un monde plus grand, meilleur, lumineux... La théorie de la démarche est une science qui met en exergue une vérité qui transcende l'être humain. Cette réalité qu'il ne peut voir directement, une compassionnée danseuse, nommée " Mode ", libre dans cet espace alors que lui est attaché, lui suggère, à travers la beauté de ses mouvements, l'harmonie des rythmes qu'elle déploie, comme le font certains artistes avec leurs œuvres... C'est dans le 'je ne sais quoi' d'une belle démarche que transparaît la grandeur du monde, qui se retrouve à portée de main... oui je dis bien " main " et non pas " pied ", car la démarche engage tout le corps. Comment montrer à un prisonnier des apparences la vérité de son état, si ce n'est à travers les apparences mêmes ?
" Alors je me souvins de la magnificence des plis de certaines robes ; alors je me rappelai les admirables ondulations de certaines personnes, la grâce des sinuosités, des flexuosités mouvantes de leurs cottes, et je n'ai pu résister à consigner ici ma pensée. "