l’un des fonds les plus actifs dans les greentech, qui réalise 40% de ses investissements sur ce marché, 50% dans les énergies propres et 10% dans l’agriculture durable. La flambée du prix des matières premières tire le secteur, en forte croissance partout, notamment en France et aux Etats-Unis.
GreenUnivers : Quels sont les atouts du recyclage pour un investisseur ?
Le marché bénéficie à fond de la flambée des prix des matières premières. Elle rend le recyclage très attractif, que ce soit pour les métaux, le plastique ou le papier. Tant que les prix resteront à un niveau élevé, le recyclage en profitera. La réglementation est un autre puissant levier : en Europe notamment, les contraintes se multiplient et la collecte des flux s’organise. C’est vital car elle n’est pas rentable et doit bénéficier d’un soutien public pour fonctionner. Enfin, les consommateurs, de plus en plus sensibilisés au développement durable, sont prêts à payer pour des produits recyclés.
GreenUnivers : Où se situent les principales opportunités ?
Beaucoup de produits sont déjà recyclés, comme le verre, le carton, les métaux, avec des process industriels calibrés… Mais il existe toute une catégorie de produits un peu plus élaborés que l’on ne recycle pas encore ou très mal, pour lesquels les technologies ne sont pas au point. Par exemple, on sait recycler certains plastiques mais pas les bouteilles en PET colorés, qui représentent la moitié des bouteilles sur le marché. L’enjeu est considérable : les brûler coûte cher en énergie et est néfaste pour l’environnement, si on les récupère, on économise 1 tonne de pétrole par tonne de plastique. Nous sommes entrés au capital, fin 2007, d’une société spécialisée dans ce domaine, Alpha PET.
Autre exemple, les batteries. Elles contiennent des métaux rares, comme le lithium ou le cobalt, dont la valeur a été multipliée par quatre en trois ans. Aloe a investi il y a deux ans dans une société de l’Isère, Recupyl, qui valorise la quasi-totalité de ces métaux grâce à un procédé d’hydrométallurgie, avec une dépense énergétique réduite. Les équipements électriques et électroniques, aujourd'hui recyclés en Europe, offrent aussi des perspectives : on sait récupérer les métaux, moins les plastiques, par exemple les emballages ou les portes de réfrégirateurs. A la collecte des flux, ils sont mélangés et donc difficiles à valoriser. Si on parvient à les séparer, on peut arriver à des prix de vente de 1000 à 1500 euros la tonne. Les innovations sont la clé pour ouvrir des marchés très rentables.
GreenUnivers : Le risque technologique est-il important ?
Il est clair que ce sont des process complexes et très longs à mettre au point. Avec de vraies technologies de rupture. Il faut rester prudent : ce qui fonctionne en laboratoire ne marche pas toujours au stade industriel.
GreenUnivers : Quels sont les pays les plus intéressants ?
L’Europe : la réglementation pousse le marché, la collecte est organisée et la tradition d’innovation y est forte, notamment en France, Allemagne, Scandinavie. L’Asie est aussi un marché très porteur, tiré par le besoin énorme de la Chine en matières premières. Même si la demande devait un peu faiblir, on part d’un tel niveau qu’elle restera soutenue. Et si la Chine faiblit, l’Inde prendra le relais.
(Propos recueillis par PL)