C’est un excellent spectacle, une mélopée qui devient comme un sourd grondement, précipité, transformé en poésie sur des gens, des personnages bancals, bosselés par la vie. Il sont modifiés par la grâce ? celle de Dieu, non pas, il est absent ; la chance ? Il n’en ont jamais. Il les saisit dans leur "dimension céleste" tournée vers l'humain profond, les pauvres ne sont pas forcément des gens ... loin de nous.
C’est un illuminé, ses mots l’emportent, un ami à mes côtés certainement fatigué par « le dur métier de vivre » a été frappé par la diction, le rythme de la parole au départ très rapide, comme impossible à rattraper, il en a fermé les écoutilles, les yeux...mais bon après cela se module, le récit se calme, il les a rouverts, la musique ponctue et après joue un rôle c’est la voix du muet, celui à l’accordéon : Pierre... (aussi enregistrée par Yolande Moreau).
Et puis leurs vies de clochard de vieille dérangée, de manutentionnaires africains sans papiers, sont si dures... Des vieilles il y en a deux dans le récit, une dérangée et une autre qui a du savoir.... C’est rare d’entendre des histoires aussi touchantes sur les vieilles par un bien jeune comédien un seul en scène, accompagné.
Quand il est sorti de la salle Jean Tardieu, nous étions assis pour manger près de l’escalier, je lui ai fait mon plus beau sourire et il m’a dit : Bon appétit ! J’étais seule avec l’ami qui dort au théâtre mais qui veut toujours y aller .... et Pascal était dehors pour fumer, je voulais dans un sourire le remercier pour toutes les vieilles dérangées et celles qui ont du savoir... car voyez-vous elles peuvent se réconcilier et il m’a répondu, comme s’il interprétait le sous texte, le non dit mot à mot...par son sourire. C’est un grand : David Murgia, comme un peu Dupontel ou Macaigne, il a du coeur à l’ouvrage, je ne me trompe pas.... Merci ! Beaucoup, beaucoup....et pour cette pauvre chienne Laïka, celle qui aboyait et qui est partie seule dans l’espace et qui n’est jamais redescendue...
http://youtu.be/BjvHdQBxjCU