Le tour du monde en (deux fois) 80 documents
L’exposition de 2018 a été confiée à Gilles A. Tiberghien, chercheur qui travaille à la croisée de l’histoire de l’art et de l’esthétique, en se penchant tout particulièrement sur le rapport entre l’humain et l’environnement. Il a construit sa proposition sur le thème « Récits du monde », sous-titre : Explorer, Décrire, Imaginer, ce qui lui a permis une plongée à la fois très ouverte et très diversifiée dans les archives de l’IMEC.
Une bonne façon de rendre compte du contenu de l’exposition pourrait être de citer quelques-uns des cent-cinquante-cinq documents proposés : une carte de Paris (1959) telle qu’on en voyait dans les classes dans les années 50, une boîte et des plaques de verre chromolithographiées pour lanterne magique (1910), un feuillet manuscrit de Victor Segalen de son Gauguin dans son dernier décor (1904), des photographies de la descente du fleuve Niger avec Jean Rouch (1946-1947), une carte postale et une lettre d’Henri Michaux à Alfredo Gangotena (1927), une lettre d’Antonin Artaud à Jean Paulhan, un montage de textes de Charles-Albert Cingria (1930), une cassette audio et un album de photos d’oiseaux du Tsavo en Afrique, du compositeur Jean-Louis Florentz (1984), une malle de voyage de Gisèle Freund (années 1940), un feuillet manuscrit du Rimbaud en Belgique et à Londres. Fin des Illuminations de Paterne Berrichon (1911), une lettre de Claude Lévi-Strauss à Pierre Clastres (1963), un plan manuscrit du quartier de Robien à Saint-Brieuc de Christian Prigent (2012) ou encore cette Carte du pôle Sud annotée par Jules Verne pour son livre Le Sphinx des Glaces (1897).
Ce grand tour du monde se fait en plusieurs étapes ou selon plusieurs axes : fabrique d’un imaginaire, exotismes, l’aventure, au cœur des ténèbres, le regard anthropologique, évocations et l’imagination à l’épreuve du réel.
« Les récits, comme le vent, se lèvent, soufflent sur le monde, traversent les communautés humaines et se déposent, ici ou là, chez un auditeur plus attentif qu’un autre, plus imaginatif parfois, qui saura donner une forme nouvelle à ce qu’il a entendu. » écrit Gilles Tiberghien dans le livre-catalogue qui accompagne l’exposition en reproduisant l’intégralité des documents : c’est une belle invitation à explorer et à imaginer, en se laissant porter par la double fascination des archives et de leur incitation au voyage, réel ou imaginaire.
Florence Trocmé
Ressources et informations :
• On peut lire un article consacré à l’exposition et un entretien avec Gilles Tiberghien dans Les Carnets de l’Imec, accessible gratuitement sur ce lien (cliquer sur le numéro 10)
• Exposition du 20 octobre 2018 au 17 février 2019, du mercredi au dimanche, de 14h à 18h, IMEC, Abbaye d’Ardenne, 14280 Saint-Germain-la-Blanche-Herbe
• Livre catalogue, :
Gilles A. Tiberghien, Récits du monde, coll. Le lieu de l’archive, IMEC 2018, 192 p., 28€
Notes
1. La première exposition, L’ineffacé, dont Poezibao a rendu compte fut confiée à Jean-Christophe Bailly. La seconde, Intérieur, à Gérard Wajcman. Celle de 2018-2019, Récits du Monde, à Gilles A. Tiberghien.
2. Parmi les fonds d’auteurs on peut citer quelques noms : Yves Bonnefoy, Michel Deguy, Emmanuel Bove, Maria Casarès, Georges Didi-Huberman, Marguerite Duras, Violette Leduc, Hélène Bessette, Philippe Lacoue-Labarthe, Jacques Derrida, Jean Paulhan, Erik Satie, Claude Esteban, Hubert Lucot, etc. On peut consulter cette page et on ne saurait trop inviter à cliquer sur quelques noms pour se faire une idée des documents conservés. Parmi les fonds d’éditeurs, le fonds Hachette qui fournit nombre des documents de la présente exposition, mais aussi Buchet Chastel, Christian Bourgois, Eric Losfeld, etc.