Au Bon Roman de Laurence Cossé

Au bon roman Cossé Folio

Des passionnés créent la librairie "Au Bon Roman". Ils ne veulent sélectionner que des bons romans à proposer aux gens. Mais qu'est-ce qu'un "bon roman" ? Et pourquoi des agressions se multiplient autour de ce projet ?

J'ai relu ce roman, lu trop rapidement il y' a quelques années. J'ai adoré ce roman de littérature autour de la littérature ! Ouvrir une librairie, de nos jours, semble un projet fou, tant ce secteur a du mal à survivre.

Je suis heureuse d'apprendre l'ouverture prochaine de la librairie Ici à Paris. J'en profite pour faire de la pub pour deux librairies que j'apprécie : la librairie Le Divan dans le 15e et Chantelivre qu'on peut trouver à Issy les Moulineaux par exemple ! Quand je voyage, j'essaye toujours d'aller voir une ou deux librairies du coin.

Enfin je vous recommande le booktube d'une libraire suisse, Margaux, dans sa chaîne youtube "Margaux Liseuse".

Les librairies sont pour moi des lieux aussi appétissants que des pâtisseries et j'ai envie de tout acheter. Les libraires sont un peu mes "cousins pros" puisque je suis bibliothécaire et que le livre est au cœur de nos métiers !

Revenons "Au Bon Roman"! Un roman qui se pose la question de la "bonne littérature": comment déterminer qu'un livre est bon ou mauvais? Ce qui plaît aux uns, déplaît aux autres. On peut étudier le style, l'histoire et bien d'autres choses. Pour moi, un bon livre est avant tout un livre qui m'emmène dans une histoire, un univers, un ailleurs. Si le style est bon, c'est merveilleux, sinon tant pis. J'ai des amis pour qui le style est primordial. Si c'est mauvais à leurs yeux, ils/elles ne poursuivront pas leurs lectures.

J'ai aimé cette histoire de libraires, de passionnés du monde du livre, lassés de la mise en avant de livres uniquement parce que ça se vend bien et que ça fait du chiffre. C'est amusant la façon dont ils vont créer leur librairie idéale : le comité d'experts secrets, la liste des titres à acheter...

On rêve de fréquenter une librairie "Au Bon Roman" ou comme celle dans le magnifique film " Vous avez un message" avec une Meg Ryan, libraire passionnée qui rage de voir un Tom Hanks installer un "supermarché" du livre géant sans âme. Je crois que ce film a joué dans mon envie (depuis que j'ai 10 ans) de bosser dans une bibliothèque.

Dans ma bibliothèque, j'aime travailler à acheter des livres, les équiper, les entretenir, les conseiller, les lire et en parler encore et toujours avec les gens. J'aime conseiller le livre qui plaira à A mais qui ne plaira peut-être pas à B mais aussi trouver quelque-chose pour B! Les gens apprécient ces échanges littéraires. Je suis contente de faire un métier que j'aime et dont j'ai rêvé de faire, enfant !

"Au Bon Roman" veut que la littérature élève l'esprit et non le conditionne, le formate. Le plaidoyer de Francesca (dont je vous mets un extrait en citations) est magnifique !

J'aime lire des livres qui parlent de livres, de librairies, de bibliothèques!

Laurence Cossé a un bon style qui soutient son histoire (497 p) qui se dévore avec plaisir !

En écho à ce livre, je vous conseille le roman " le bouquiniste Mendel", magnifique petit livre de Zweig, la série de mangas " le maître des livres" sur un bibliothécaire japonais taciturne mais très pro, " Bouquiner" d'Annie François, " le lys de Brooklyn" de Betty Smith, " Lire!" de Bernard Pivot, " le rat de bibliothèque" (de moi-même!)....

"J'ai une passion pour la littérature et, comme les passionnés, je souffre. J'attends énormément du roman. J'ai été si souvent déçu que, depuis dix ans, à peu près, je ne me risque plus à ouvrir une nouveauté. J'attends que le temps ait fait son tri." "La plupart étaient venus voir, et ils n'en croyaient pas leurs yeux : cela faisait des années qu'ils rêvaient d'une librairie comme Au Bon Roman. Ils disaient tous la même chose. Ils ne lisaient que des romans, ce n'étaient pas qu'ils en manquaient, ils en avaient des piles en attente, au pied de leur lit, à la tête, sous leur table de leur bureau, sur le canapé de l'entrée. Mais dans les librairies, ils étaient mal à l'aise et, le plus souvent, ils en sortaient pris d'un cafard qu'ils trouvaient eux-même excessif et sans avoir rien acheté ; ils avaient eu du mal à respirer, quelque-chose ne passait pas, ou ils ne savaient pas s'orienter-enfin c'était assez étrange, eux qui n'aimaient rien comme lire tout leurs soûl le soir en silence, délivrés de la conscience du temps, qui se rappelaient leur fracture de la cheville et les deux mois d'immobilité qui s'étaient ensuivis comme un trait d'or dans leur passé, eux que le roman consolait de tour, ils allaient rarement dans les librairies." "Nous voulons des livres splendides qui nous plongent dans la splendeur du réel et qui nous y tiennent; des livres qui nous prouvent que l'amour est à l'oeuvre dans le monde à côté du mal, tout contre, parfois indistinctement, et le sera toujours comme toujours la souffrance déchirera nos coeurs. Nous voulons des romans bons." " Nous voulons des livres qui n'éludent rien du tragique humain, rien des merveilles quotidiennes, des livres qui nous fassent revenir l'air dans les poumons. Et quand il n'y aurait qu'un par décennie, quand il ne paraîtrait qu'un Vies minuscules tous les dix ans, cela nous suffirait. Nous ne voulons rien d'autre."