Casser du zombie, c’est bien, mais casser du zombie avec style, c’est mieux !
Bien que j’essaye toujours de garder un fil conducteur entre deux critiques consécutives, Shaun of the Dead n’a rien à voir ni avec le film de dimanche dernier, ni celui de dimanche prochain. Mais aujourd’hui sort au cinéma le film Bohemian Rhapsody qui retrace les heures de gloire d’un des plus grands groupes de tous les temps : Queen ! Et je ne pouvais décemment pas laisser passer cette occasion sans parler de l’utilisation de leur musique dans les films, et particulièrement « Don’t Stop Me Now » dans Shaun of the Dead.
« Tonight, I’m gonna have myself a real good time… »
Tout le monde connaît Queen. Pas mal de leurs chansons sont des tubes interplanétaires et des performances musicales tout à fait ahurissantes : « I Want to Break Free », « We Will Rock You », « The Show Must Go On », « We Are the Champions », et bien évidemment « Bohemian Rhapsody » qui donne son titre au film, pour ne citer qu’eux. Mais aujourd’hui on va se pencher plus spécialement sur « Dont Stop Me Now », une chanson extraite du 7ème album du groupe, Jazz, sorti en 1978.
Tout au long du morceau, le chanteur enchaîne des images pour le moins fantaisistes – un tigre défiant les lois de la gravité, une voiture de course qui passe comme Lady Godiva, une fusée en route vers Mars, brûlant à 200°F – probablement sous l’emprise d’un bon gros trip sous acide. Le refrain répète à plusieurs reprises « Don’t stop me now, I’m having such a good time » soit « Ne m’arrête pas maintenant, je passe un si bon moment ». Le chanteur est clairement en train de vivre le meilleur moment de sa vie dans une défonce totale et voudrait que ce susdit moment ne s’arrête jamais, plongeant dans un bonheur extatique éternel.
« Don’t stop me now ! »
Dans la comédie de 2004 Shaun of the Dead, la situation est un tout petit peu différente. Mais vraiment un tout petit peu. Loin de s’enjailler joyeusement sous l’effet de la drogue, le personnage éponyme au film Shaun et ses amis font face à une apocalypse zombie survenue du jour au lendemain dans leur petit village d’Angleterre. Après moult péripéties dans les rues de la cité, le petit groupe se réfugie au Winchester, le bar du coin où ils avaient leurs habitudes, alors que les morts-vivants les encerclent inlassablement. C’est alors que le patron du bar, zombifié, débarque soudainement pour bouffer leurs cerveaux, et que le jukebox se lance inopinément sur, tu l’as deviné Billy, « Don’t Stop Me Now ».
Sauf que du coup, la chanson prend une tournure totalement ironique. Si l’invasion des zombies pourrait bien faire partie des hallucinations du chanteur, les personnages, eux, aimeraient bien au contraire que tout s’arrête maintenant !
« Wow, wow, wow, wow explode ! »
Et à partir de là, la scène entière devient un délire général dont seuls Simon Pegg et Edgar Wright ont le secret. Shaun et deux de ses acolytes tabassent le patron du bar à coup de tiges de billard ou d’extincteur, un autre essaye d’éteindre la musique et fait jour / nuit comme Christian Clavier dans Les Visiteurs avec les lumières du bar, et les deux dernières regardent le combat en se balançant, le tout au rythme des vocalises de Freddie Mercury. Tout le monde crie, tout le monde fait n’importe quoi et les zombies continuent de zombier, ça ne fait aucun sens et c’est du génie humoristique en même temps. Les personnages sont exténués, les spectateurs sont hilares, et le tout jusqu’à la dernière seconde où Shaun projette le zombie tête la première dans le jukebox, qui s’éteint – toujours aussi ironiquement – sur les répétitions de « Don’t stop me ».
Morale de l’histoire : en cas d’apocalypse, viens donc te réfugier au 7ème Café
« Don’t stop me, don’t stop me, oh oh oh… »
— Arthur