Recrudescence des actes homophobes : faisons de la lutte contre le sexisme et les LGBT phobies la Grande cause nationale 2019 !
J’ai observé avec consternation la multiplication inquiétante des agressions homophobes en France. Pas plus tard que mardi, le président d’Urgence Homophobie a été brutalisé à la sortie d’un restaurant. La semaine dernière, c’est un couple de femmes qui était agressé. Sans oublier le terrible meurtre d’une personne transgenre, il y a quelques semaines. Ces actes de déferlement de haine et de violence sont devenus des épisodes quasi quotidiens. Devant ces faits, nous ne pouvons garder le silence. Nous devons condamner et agir sans plus attendre.
Nous constatons toutes et tous également que la parole homophobe s’est généreusement libérée depuis l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Un sondage de l’IFOP réalisé au printemps dernier nous informe en ce sens que plus d’un homosexuel sur deux a dû faire face à des discriminations en raison de son orientation sexuelle. Je redoute que de nouvelles agressions aient lieu, en proportion toujours plus croissante.
Mettre la puissance publique au service de tous les citoyens
Tout ceci interpelle notre responsabilité à toutes et à tous, élus locaux, parlementaires et Gouvernement, et nous intime l’ordre de mettre la puissance publique au service de tous les citoyens. Nous avons, en effet, trop longtemps établi une hiérarchie entre les discriminations. Être raciste et antisémite, c’est heureusement grave et intolérable. En revanche, être sexiste, homophobe ou transphobe, c’est vu comme une forme de liberté d’expression ! Nous devons cesser avec ce deux poids, deux mesures.
Cela passe par la mobilisation de la société dans son ensemble. L’école a un rôle important à jouer, car au-delà des différences qui peuvent nous distinguer les uns des autres, l’institution scolaire reste le dénominateur commun de tous les Français. Aujourd’hui des associations comme SOS Homophobie ou le CRIPS Ile-de-France font un travail remarquable dans la sensibilisation de nos jeunes. Ce genre de dispositifs doit être généralisé sur tout le territoire. Nous devons le concevoir avant tout comme un service public et pas uniquement comme la mobilisation volontaire de quelques associations ou quelques collectivités locales.
L’heure est donc à la mobilisation générale. Tout le monde doit être impliqué et, en première ligne, nos institutions car elles sont le miroir de notre société, une société qui pointe du doigt, qui raille, qui brutalise. Les témoignages de personnes victimes de discriminations en raison de leur orientation sexuelle et qui peinent à porter plainte ne manquent pas. C’est pourquoi nous devons sensibiliser celles et ceux dans la police qui assurent l’accueil des victimes. Si depuis 2017, tous les policiers en formation initiale bénéficient d’un module de deux heures, nous regrettons que cela ne soit pas suffisant et ne corresponde pas à la réalité du terrain. La formation des policiers en poste depuis plusieurs années est par ailleurs peu, voire pas du tout traitée. Certaines associations comme SOS Homophobie ou encore Flag tentent de combler ce manque. Mais c’est avant tout à l’État de s’en saisir en coordination avec les associations.
L’urgence d’un long et rigoureux débat national.
Aussi, chacun peut remarquer que le débat actuel sur les LGBT phobies, bien qu’il alerte l’opinion publique, ne produit pas assez d’informations pertinentes pour la compréhension de ce phénomène. La dernière étude parlant du profil des agresseurs remonte à 2011. Il s’agissait alors du rapport annuel de SOS Homophobie.
Il est donc aujourd’hui plus que jamais nécessaire de mettre la lumière sur ces comportements et organiser un grand débat national. Pour ce faire, j’ai proposé au Premier ministre que la lutte contre le sexisme et les LGBT phobies soit déclarée Grande cause nationale 2019.
Il est en effet important de prendre le temps d’impliquer tous les secteurs sociaux : éducation, justice, santé, sécurité, mais aussi les affaires étrangères et consulaires dans un travail de réflexion collective, et ce en employant une approche innovante et orientée sur la formulation de solutions concrètes et rapidement déployables.