" Les cris des murs ", de la poésie et du street art
Adèle Alberge écrit depuis qu'elle a 17 ans. Longtemps ses créations sont restées secrètes. Elle écrivait seulement pour elle, pour son plaisir et par besoin.
" L'écriture est une nécessité pour moi. Quoiqu'il arrive, j'écris chaque jour " .
En 2015, alors qu'elle est installée à Lyon depuis 5 ans déjà, elle décide de s'approprier la ville en parcourant ses rues. Jusque-là amatrice de graffiti, elle va découvrir que l'art urbain peut prendre des formes bien plus diverses. Pour son plaisir, elle décide de prendre les oeuvres en photo et de leur associer une petite phrase pour les poster sur Instagram, sous le pseudo Dédèle la Curieuse. Son goût des mots va très vite prendre le dessus. Petit à petit, les phrases deviennent de courts poèmes inspirés des oeuvres.
Mais elle trouve dommage que tout cela se perde dans l'immensité et la fugacité d'internet. En 2017, elle en discute avec un ami qui lui propose de rencontrer un éditeur pour lui présenter son travail. Ce dernier est immédiatement convaincu et accepte de se lancer dans l'aventure : publier un livre rassemblant les photos et poèmes d'Adèle.
Vivre la rue pour écrire
Adèle Alberge a travaillé une année complète pour créer " Les cris des murs ". Elle a passé beaucoup de temps avec les street artistes. Il a fallu qu'elle les apprivoise, les mette en confiance. Et elle avait une exigence : elle voulait aller sur le terrain avec certains artistes pour comprendre leur univers et faire personnellement l'expérience de la création artistique dans la rue. Les suivre l'a beaucoup inspirée car ce fut l'occasion de confidences sur leur art et sur l'histoire personnelle qui se cache derrière. Dans le recueil, elle nous raconte ses rencontres nocturnes avec Adelsa, Akène, Big Ben, By Dav', Cap Phi, Georges de Loup, Ghappix, Klen 92, Laco, Mexo Zapata, Porlo, Skéné et Théo.
Pendant ces virées nocturnes, Adèle a goûté au plaisir de la montée d'adrénaline due à l'illégalité du street art vandale mais également à la pression qu'elle avait pour la prise de photos. En effet, il fallait qu'elle aille très vite, de nuit et sans trépied pour stabiliser la prise de vue. Et tout ça en sachant qu'elle n'aurait pas de deuxième chance pour refaire une prise ratée ! Et quand tout ça s'est terminé il a fallu gérer le manque pendant quelques temps !
L'humain au coeur de la poésie d'Adèle Alberge
Adèle Alberge est une poétesse du quotidien et de la ville. Sa poésie est simple comme elle et a pour seule ambition de provoquer des émotions. Alors, elle ne veut pas écrire des textes hyper travaillés avec le bon nombre de pieds et la rime qui va bien. Par choix, elle ne respecte pas les règles de la poésie classique et fait fi de la métrique pour aller à l'essentiel : l'humain.
Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes. Léo Ferré
Adèle a aimé faire ce livre qui mêle ses écrits aux oeuvres de street art car ici tout est affaire de poésie urbaine, que ce soit avec des mots ou avec de la peinture. Chacun raconte à sa façon son quotidien, sa vie, ses peines et ses joies. Et même si l'écriture est un exercice solitaire, Adèle se nourrit en permanence de ses rencontres avec les autres, artistes ou simples anonymes.
Grâce à Adèle, j'ai découvert un magnifique texte sur la poésie, écrit par Léo Ferré en 1956. Il s'agit de la préface au recueil de 80 poèmes écrits par l'artiste, " Poète... vos papiers ! ". Prenez quelques minutes pour lire ce très beau texte ici : La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Vous pouvez également vous faire plaisir avec sa voix sur la chanson Poètes... vos papiers !
Pour conclure ce billet qui lui est consacré, Adèle Alberge m'a proposé une chanson qui parle d'aller au bout de ses rêves. Ce qu'elle a fait avec ce très beau recueil.
Personne ne m'souhaite bonne chance
Mais je passerai pas ma vie à me demander quand elle commence