Magazine Culture

Compte-rendu du concert de Bruce Springsteen & The E Street Band, le 27/06 au Parc des Princes, Paris

Publié le 01 juillet 2008 par Mikatxu @crystalfrontier

Par quoi commencer ? Un adjectif pourrait tout résumer en fait : merveilleux. Mais ça a été une longue journée avant d'accéder à ces (presque) 3h de pur bonheur...
Rendu sur Paris la veille du concert, le jour J, je me lève pas trop tard et décide finalement de me rendre sur les lieux tranquillement. Inconsciemment ou pas, j'ai dû sentir qu'il y aurait du monde, car je vois le Parc des Princes aux alentours de 12h30, et grand bien m'en a pris, car il y a déjà foule devant le stade (enfin ça reste raisonnable, quelques centaines de personnes). Les barrières sont en place, et je prends donc position dans la file : allez, plus que 8h à attendre !
La foule est pour le moins hétéroclite, tant en âge (entre 18 et 60 ans) qu'en nationalités (français bien sûr, mais aussi espagnols, italiens, allemands...). Tout le monde est discipliné, calme et récupère avec plaisir son bracelet qui donne accès à la fosse, et donc à une proximité favorisée avec le Boss. L'ambiance est cool, tout le monde assis sur le bitume (arg les graviers) voire couché (essayé par votre serviteur : c'est douloureux), et les discussions oscillent entre initiation des "novices" et récit des "vétérans", certains en étant à plusieurs dizaines de concerts de Springsteen. Aux alentours de 15h, la foule se fait plus dense derrière nous, entraînant le passage à la position debout. Il faudra attendre 2h de plus pour que les entrées au stade commencent, et ça donne l'effet d'une foule contenue qui ne demandait qu'à être relâchée pour courir et se précipiter sur la pelouse (en l'occurrence protégée) du stade. Je montre patte blanche aux vigiles (ou plutôt le bracelet magique), et rentre dans la partie réservée aux "furieux" récompensés de leur sit-in devant le stade.
A ce moment là, il reste quand même plus de 3h à tirer avant d'accéder à la récompense. Il ne faut pas être claustrophobe, serrer les dents en alternant debout et assis et demander pour recevoir un verre d'eau de la part de la sécurité. Etrangement, et pourtant comme souvent dans ce genre de situation, tout d'un coup tout le monde se lève, sans vraie raison : il est alors 19h15.
Enfin, 1h30 après ça, la musique se tait, la lumière sur scène change et les membres du groupe commencent à rentrer au goutte à goutte. Ce soir, il y a Charles Giordano aux claviers (remplaçant Danny Federici, décédé il y a peu), "Professor" Roy Bittan au piano, Garry Tallent à la basse, "Mighty" Max Weinberg à la batterie, Soozie Tyrell au violon, Nils Lofgren et Stevie Van Zandt aux guitares, puis enfin, ils font leur apparition ensemble, Clarence "Big Man" Clemons et Bruce Springsteen, déclenchant des cris de joie dans la foule.
Et le premier morceau achève d'électriser le public : c'est "Adam Raised a Cain" qui ouvre le set, tout en puissance (même si e son n'est pas bien réglé encore) et Bruce semble en pleine forme, rugissant et se donnant à bloc dès le début. Quelques "bonsoir" un peu hésitants plus tard résonnent les premières notes de "Radio Nowhere", single très efficace issu de Magic, le dernier opus du Boss. Puis ensuite, c'est la plongée avec délice dans le back-catalogue du Boss, formidablement fourni : "No Surrender" énergisant au possible, "Promised Land", "Spirit in the Night" et son break, donnant l'occasion à Springsteen de s'approcher de la foule, et même de la toucher (il était à 2m de moi...). L'ambiance est littéralement magique, il dégage une énergie telle que l'attente, la fatigue, tout ça semble bien loin.
Comme d'habitude, Springsteen est très proche de son public, et n'hésite ainsi pas à récupérer dans le public les panneaux de song request. Ainsi, nous avons droit à "Rendezvous", et le concert continue, sans jamais baisser en termes de qualité ou d'énergie dégagée par le groupe : il n'y a qu'à entendre la surpuissante version de "Because the Night", la déchirante "Atlantic City", ou le doublé qui donne le sourire (mais en était-il besoin ?) "Livin' in the Future" / "Mary's Place". L'émotion revient quand Bruce repasse (seul) au piano pour "For You", puis il prend l'harmonica pour l'intro de "The River". Je suis aux anges, tant cette chanson est d'une puissance émotionnelle énorme, avec son harmonica plaintif, ce texte...
Le retour aux titres récents du répertoire intervient avec un trio "The Rising", qui n'a rien perdu de sa force avec sa montée en puissance, "Last to Die" et "Long Walk Home", euphorisant. Le coup de grâce est porté avec "Badlands", qui est comme l'hymne que le public attendait, celui que l'on chante avant que Bruce ne se montre sur scène, avec son "Whohohoho" (ça rend pas super bien comme ça hein...), puis à la fin de "Out in the Street", Bruce et sa troupe partent dans les coulisses quelques instants. Cela fait un peu plus de 2h que le concert a commencé, et si tout le monde est fatigué par la journée, on a tous unanimement envie que ça dure.
D'ailleurs, ce n'est pas long comme attente, puisque revoilà le groupe au complet qui entonne "Girls in their Summerclothes", dédié aux "beautiful Parisiennes". Ensuite, ce sera un retour dans le passé, avec le toujours jazzy et entraînant "Tenth Avenue Freeze-Out", puis l'immense "Born to Run" qui verra le renfort d'Elliott Murphy (et son fils) sur scène : "Tramps like us, baby we were born to run". Avec un titre pareil, c'est sûr que l'on peut courir longtemps, quelle énergie ! Quelle passion après 30 ans d'interprétation du même titre sur scène ! Pour se faire plaisir, et pour le mien aussi (de plaisir), c'est encore l'album Born in the USA qui est en valeur avec "Bobbi Jean", nostalgique, touchant, et "Dancing in the Dark", rock'n'roll et où les musiciens s'éclatent encore une fois. La fin du concert sera folk, sur le titre traditionnel "American Land" dont les paroles défilent en fond de scène (trop vite), et qui donne envie de danser, d'être heureux, de sourire, en buvant une bonne bière bien fraîche. C'est une fin magnifque, qui vient conclure une soirée magnifique, qui donne tellement de joie, de plaisir...
C'était mon premier concert de Springsteen, en tout cas avec le E Street band (j'avais vu le Seeger Sessions, c'était déjà magique), et je crois n'avoir jamais rien ressenti d'aussi fort lors d'un concert. C'est la joie de jouer, leur enthousiasme et leur faculté à partager avec le public qui m'épate chez ces presque sexagénaires. J'ai vu, et verrai tant de groupes blasés à tout juste 20-25 ans que je trouve que Bruce et sa troupe ont encore de belles choses à montrer, et que l'on aime ou pas sa musique, un concert de Springsteen ne se regrette jamais : plus qu'un spectacle, c'est une communion qui est offerte, et 3h de ferveur. J'attends avec impatience un retour en Europe !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mikatxu 904 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines