Donnez-lui de la black ink, de l’encre noire, la pâte de tomates la moins chère du marché mondial, et indiquez-lui le pourcentage de matière première que vous souhaitez mettre dans une boîte de conserve. C’est promis, le chimiste des Liu trouvera la recette idoine, les taux optimaux d’additifs qui rendront le produit présentable. L’affaire n’est pas aisée: lorsque l’on rajoute beaucoup d’eau à du triple concentré chinois de couleur noir, il faut aussi ajouter de l’amidon, ou de la fibre de soja. Si l’on ajoute de l’amidon, le mélange s’éclaircit trop. Si le mélange s’éclaircit trop, il faut ajouter des colorants. Si l’on ajoute des colorants, la pâte peut perdre en viscosité, ou ne plus ressembler à du concentré de tomates. Seul un spécialiste est à même de trouver la juste proportion de chaque ingrédient. Sa toute dernière recette? 31% de concentré, pour 69% d’additifs.Le livre est une nouveauté au Prix Albert Londres - attribué à ce support du reportage pour la deuxième fois seulement. On connaît mieux ses déclinaisons pour la presse écrite - cette année, Elise Vincent, du Monde, pour une série d'articles - et pour l'audiovisuel - Marjolaine Grappe, Christophe Barreyre et Mathieu Cellard (Arte) pour Les hommes du dictateur, à propos de la Corée du Nord. La remise des prix s'est faite à Istanbul, joli symbole...