Rendez-vous hier à 9h pour le départ du grand circuit.
Je connaissais bien la presque totalité du parcours, mais je n'avais jamais fais le Mont Colombis. En regardant une carte UGn l'année dernière, je m'étais dit un tuc du genre :
Un peu par défi je me suis donc inscrit à cette journée, ayant fais pas mal de kilomètres à vélo (environ 1850km) mais habitant les Hautes-Alpes ou la météo n'a pas été propice au vélo de la fin mars à la mi-juin, et m'étant blessé 2 fois dans cet intervalle de temps... j'avais beaucoup d'appréhension quant au déroulement de cette journée."en vélo de route, ça ne doit pas être possible. Entre la route qui doit être de mauvaise qualité et les pourcentages qui ont l'air épouvantables, ça ne doit pas être raisonnable"
Mais avec ce kilométrage élevé dans les jambes, fais à 95% dans les Hautes-Alpes, je me suis dit que je pouvais tenter le coup, en restant prudent. Le but pour moi était donc d'arriver "bien" au sommet du col Lebraut, pour être en bonnes conditions pour faire le Mont Colombis.
Le Mont Colombis qui était signalé comme la côte la plus dure des Hautes-Alpes... ce qui n'est pas peu dire.
Carte de l'itinéraire
Tout d'abord, la carte de l'itinéraire...*** carte ***
Déroulement de l'itinéraire
Jusqu'au belvédère du lac de Serre-Ponçon
Dès le départ, un bon nombre de participants me passe devant : ça ne me pose pas de problème, allez-y les gars ;-)
De là, longue descente vers Chorges où commençait le petit parcours, puis on a pour objectif le col Lebraut, à 1110m d'altitude. Le col Lebraut, de ce côté là, est très roulant et pas très pentu. Le piège est de rouler un peu vite et d'arriver dans le rouge au sommet, ce qui n'est pas bon pour le reste de la journée...
Là encore, je suis prudent : petit plateau, et développement presque trop facile. Je monte sans peine, et j'arrive en haut du col comme je l'avais espéré : pas de trace de fatigue, et les jambes n'ont jamais eu le temps de surchauffer. Après le ravitaillement au belvédère du lac de Serre-Ponçon (2 verres de coca-cola et une-demie banane), je sais que je suis physiquement au mieux de ce qu'il est possible pour moi pour attaquer le Mont Colombis.
A partir d'ici, je ne me ferai plus dépasser par personne.
Le Mont Colombis
La montée vers Théus est difficile. Dans le village de Théus même, c'est parfois impressionnant de difficulté. En haut, plus tard, un cycliste me dira avoir remarqué un 20% dans un virage. Dans un environnement qui était déjà très difficile.
A la sortie du village, la pente se calme un peu. Mais on n'est jamais à moins de 8% ou 9% en moyenne. C'est à cet endroit qu'il faut être en capacité de récupérer (!) pour se préparer à la partie finale, absolument cauchemardesque... Déjà, je rattrape pas mal de cyclistes qui souffrent.
On abouti à ce que j'appellerai l'avant-dernière partie de la montée : les quelques épingles juste avant la longue transversale à flanc de montagne. La pente est vraiment très difficile, et surtout il y a déjà presque 10 kilomètres d'effectués dans ces pentes. Exposées au soleil. Les quelques cyclistes que je dépasse là sont des cyclistes expérimentés. Et ils en bavent. La route est pleine de petits cailloux, balancés là pour lutter contre le bitûme qui fond avec la châleur. Quand on se met en danseuse, il faut faire attention à ce que la route arrière ne dérape pas... et je comprend que la descente devra se faire très lentement et très prudement.
Arrive la partie finale : la dernière épingle avant la longue transverale puis l'arrivée dans la forêt jusqu'aux antennes du Mont Colombis. Cette dernière épingle a une pente terrifiante, et là je suis obligé de mettre mon développement le plus petit, et de fournir un gros effort. Ca passe. Je sais être dans cette grande transversale, mais plus bas je n'avais pas pu évaluer la pente. En fait, à 3 ou 4 reprises il y a de très fortes pentes (allègrement au-dessus de 15%) sur un très fort pourcentage moyen. Ayant fourni un effort violent dans la dernière épingle, je me dis qu'il faut absolument continuer à gérer mon effort. Et j'ai raison...
Dans cette partie finale, j'ai dépassé un plus grand nombre de cyclistes, moins expérimentés. Beaucoup avaient mis pied à terre, parce que forcément l'effort est à la fois très long et très intense, et que le plus dur arrive évidemment à la fin, quand l'épuisement est là. Et avec la conformation du terrain (une bosse, puis une autre, puis encore une autre, etc.), on ne se voit jamais arriver alors qu'on est presque toujours à fond...
Au bout de la route se trouve le belvédère du Mont Colombis. La vue est saisissante, le plus surprenant se trouvant en face : en direct sur les deux bras du lac de Serre-Ponçon. Si vousconnaissez des sommets de la région, vous trouverez depuis ce belvédère une lecture formidable. Je recommande chaudement cet endroit... libre à vous d'y aller autrement qu'à vélo ! ;-)
Pour ceux qui sont intéressés, un j'ai trouvé un profil de la montée au Colombis. Mes commentaires à son propos : la réalité vécue est bien plus difficile ! Les chiffres indiqués sont des moyennes, et les 3 derniers kilomètres, bien qu'il soient indiqués en "très difficile", sont assez loin de leurs difficultés réelle : ils rendent très mal les a-coups qu'on rencontre sur le parcours et qui me font qualifier le final de la montée au mont Colombis quelquepart entre le diabolique et l'infernal (avec les flammes autour, et tout et tout...)
Le ravitaillement du midi
Le Mont Colombis, de l'avis général et sans la moindre exception : ils n'avaient JAMAIS vu ça. Rien d'aussi dur, rien d'aussi comparable. La montée du Granon, dans le briançonnais ? Du 12% sur 10km, mais d'une régularité exceptionnelle en comparaison de la montée du Colombis. On se cale sur un rythme en bas, et on n'en change plus jusqu'en haut. Mais le Colombis... A l'unanimité : c'est la montée la plus dure jamais faite. Wôa. Personnellement, je suis 200% d'accord...
Ce ravitaillement est aussi le moment de préparer le retour. Car le mont Colombis était au kilomètre 48. Et il reste 60km pour le retour, qui ne seront pas de tout repos.
Heureusement, le ravitaillementest encore fidèle au ravitaillementdes 6 jours cyclo de Vars : les boissons fraîches SONT fraîches, on y mange bien, vite si l'on veut, lentement si l'on préfère, on peut composer son menu comme on le préfère, et à la fin, on peut même prendre un petit café bien chaud. Elle est pas belle la vie ? Ca ne valait pas le coup d'en baver sur les pentes du mont Colombis rien que pour le ravitaillement ? ;-)
Retour vers Savines
Le retour est plus roulant en comparaison de ce matin, mais... quelques difficultés sont encore à passer.Direction Jarjayes et le col de la sentinelle
Me voila sur des routes et des pentes que je connais désormais parfaitement. Je rallie Valserres par la route des fruitiers, et attaque la montée du col de la Sentinelle (981m d'altitude), du moins jusqu'à Jarjayes.Je sais que la pente n'est pas trop importante et après le ravitaillement, j'ai bien récupéré. Je commence à monter sur mon plateau du milieu en restant prudent sur mon rythme de pédalage... A ma grande surprise, tout ira bien jusqu'à Jarjayes.
Au village, on tourne à droite pour continuer une montée bien plus dure, qui fait mal si on a laissé toutes ses forces dans le Colombis.
Comme je connaissait parfaitement lette route, je savais qu'une fois arrivé presque au sommet, il ne fallait pas hésiter à faire chauffer dur momentanément les jambes pour bénéficier d'un élan qui sera conservé pendant longtemps. A route devient étroite, très sinueuse, souvent ombragée... connaissant chaque virage, je savais quelle vitesse adopter, comment négocier mes virages... j'ai forcément rattrapé beaucoup de cyclistes sur cette portion de route, où j'ai pu optimiser mes efforts par rapport au terrain !
La Bâtie-Neuve, Chorges, Prunières et enfin Savines
J'arrive donc à la Bâtie-Neuve un peu fanfaronnant, après une longue période de vitesse un peu grisante. Il faut alors remonter jusqu'au pied de la montée du col de Moissières mais tourner à droite pour aller vers Chorges en évitant la route nationale. La route paraît facile et plate au début, mais elle monte bien pendant 1 km, et en particulier elle est raide sur 600m. Passé ce dernier mur, c'est la fin des souffrances de la journée pour ceux qui avaient choisi le petit circuit.Pour les autres, il faut reprendre la route en direction de Prunières, où on doit faire 2km ou 3km de montée "simplement" difficile. C'est la dernière difficulté pour moi aujourd'hui, alors comme ce matin : petit plateau, et les jambes peuvent tourner même un peu vite, et ça monte tout seul.
Une fois sur la Route Nationale, c'est un vrai bonheur : on oublie un peu la circulation (pas trop importante aujourd'hui, quelle chance) pour admirer le paysage. La route est sans relief dérangeant ou en descente, et il reste de l'énergie dans les jambes donc ça roule assez vite... On traverse le pont de Savines pour prendre la première à doite et on arrive à la fin de cette journée sans montée longue ou brutale pour finir.
Quand on fait le compte de tout ce qui a été fait dans la journée, quand on se repasse le film de la montée du Colombis, quel contraste avec cette arrivée !