J’ai lu le message de Jean-Loup attaché à un poteau d’un espace ombragé et verdoyant où nichent tant d’oiseaux gouailleurs qui s’époumonent dès le printemps. C’est un antre de verdure qui donne au visiteur que je suis régulièrement l’image d’un éden urbain et consolateur. J’aime le traverser et y laisser flâner mon regard.
Je ne connais pas Jean-Loup, mais je compatis à sa pelle de cœur. Je n’ai pas vu la pelle de Jean-Loup. Jamais. Mais je l’imagine. Plutôt je la visualise. Je la vois. C’est une belle pelle qui a beaucoup servi, peut-être à des usages variés. Elle est marquée de rayures désordonnées, presque fendue sur un côté. Elle serait verte ou jaune. Pelle d’enfants grandis délaissant les jeux de plage pour s’approcher doucement des jeux interdits où les pelles sont l’exact inverse des râteaux ? Pelle rendue à des usages jardiniers ? Pelle multi-usages ?
Pas bêcheur pour un sou, Jean-Loup l’a en quelque sorte offerte à la communauté des résidents pour cet usage second, celui du compost collectif avec l’idée qu’un plaisir commun procure du bonheur à celles et ceux qui savent bien planter les choux. Sa pelle reviendra-t-elle par la grâce de sa bouteille à l’amère conviction que les petites joies sont difficiles à faire partager ? Quand elle réapparaîtra, ce serait bon que Jean-Loup nous le fasse savoir par un message moins terre-à-terre.