Joan Miro, né à Barcelone le 20 avril 1893 et mort à Palma de Majorque le 25 décembre 1983, est un peintre, sculpteur, graveur et céramiste espagnol. Il est l'un des principaux représentants du mouvement surréaliste (fauviste, cubiste), et une rétrospective de grande qualité lui est consacrée au Grand Palais jusqu'au 4 Février, au travers un parcours en seize étapes retraçant sa carrière. Réunissant près de 150 oeuvres dont certaines inédites en France et couvrant 70 ans de création, cette rétrospective retrace l'évolution technique et stylistique du célèbre artiste. A découvrir.
Dès les années 1920, sa volonté de développer ses pratiques novatrices s'est affirmé. Sa terre natale, la Catalogne, lui a offert l'inspiration et Paris fut son premier tremplin, son premier séjour dans la capitale remontant à 1920. " Décidément plus jamais Barcelone. Paris et la campagne et cela jusqu'à ma mort " , écrit-il alors à son ami Enric Cristofol Ricart. En 1921, Miro habite à l'hôtel Namur, 39 rue Delambre (Paris 14e), et travaille dans un atelier situé rue Blomet qu'il sous-loue à Pablo Gargallo. Il a pour voisin André Masson, avec qui il se lie d'amitié. Grâce à ce dernier, il fait la connaissance de nombreux poètes et écrivains, qui tous entendent créer un nouveau langage poétique : Michel Leiris, Georges Bataille, Robert Desnos, Antonin Artaud, Raymond Queneau... En 1925, Louis Aragon, Paul Eluard et Pierre Naville rendent visite à Miro pour voir ses dernières peintures. Avec Pablo Picasso, son compatriote, Miro entretiendra une longue amitié, nourrie d'un profond respect pour leur oeuvre respective.
En avril 1937, le gouvernement espagnol commande à Miro une décoration destinée au pavillon de la République espagnole conçu pour l'Exposition universelle de Paris du 25 mai au 25 novembre 1937. Il réalise un grand panneau mural de sept mètres représentant un paysan espagnol en révolte, El Segador ( Le Faucheur), qui fait face à la toile monumentale de Picasso, Guernica. Les oeuvres présentées y sont ouvertement politiques et symbolisent la résistance au fascisme franquiste. A l'été 1939, Miro s'installe avec sa famille au Clos des Sansonnets à Varengeville-sur-mer, où résident déjà des artistes comme Braque, Queneau, Duthuit... En dépit des événements tragiques secouant l'Europe, Miro trouve dans ce petit village de la côte normande le calme qu'il a connu autrefois à Mont-roig. C'est sans doute également dans le travail de la céramique que le génie de Miro a trouvé son expression la plus pleine. Aux vases, aux plats et aux nombreuses plaques rectangulaires réalisées entre 1944 et 1946 succédera en 1953 l'exceptionnelle série des Terres de grand feu cuites dans les fours qu'Artigas a installés dans le village de Galifa.
Avec la fin des hostilités, la vie reprend son cours et Miro renoue avec ses amis et ses marchands, tisse de nouvelles amitiés, s'informe des nouveaux courants artistiques, et de tout ce qui se passe dans le monde. En 1947, il effectue un séjour de huit mois à New York qui produit sur lui une forte impression. A partir de 1956, Palma de Majorque fut le grand atelier dont il avait tant rêvé. Entre tous ces lieux autour desquels l'exposition s'articule, Joan Miro a créé une oeuvre dénudée de toute anecdote, de tout maniérisme et surtout de toute complaisance à l'égard des modes. Il a remis continuellement en question son langage pictural, au travers toute sa carrière, pour y parvenir. Bien que s'étant intéressé aux avant-gardes du XXe siècle, il n'a jamais adhéré à aucune école, ni aucun groupe précis. Il est l'un des rares artistes, avec Pablo Picasso, à avoir lancé un défi au surréalisme et à l'abstraction, ici retracé dans cette formidable rétrospective dans ce magnifique lieu d'exposition.