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Pape Samba Kane : Sabaru Jinne

Par Gangoueus @lareus

Pape Samba Kane : Sabaru Jinne

PAPE SAMBA KANE : La vie tumultueuse de Talla/Massata

Sabaru Jinne (les tam-tams du diable), qui aurait pu s’intituler autrement vu les nombreux thèmes qu’il traite est d’abord un roman bien écrit, d’un certain classicisme sur le choix de la langue, même s’il est mâtiné hic et nunc d’une certaine terminologie ouolof (proverbes, dictons, calques etc.) pour expliquer certains éléments de la culture ouolof. Cependant, malgré les qualités littéraires qu’il peut receler, la lecture du roman de Pape Samba Kane n’est pas une sinécure. En sus du style recherché, du rythme tantôt posé, tantôt accéléré que nous propose l’auteur à travers la variété de sujets proposés, le lecteur décèlera également la profondeur philosophique qui traverse de part en part les histoires/ fictions de Massata/ Talla.

De quoi s’agit-il dans ce roman ?

Il est question dans ce roman de l’histoire de Massata ou de Talla ou de Massata/Talla, c’est selon. Parce qu’il s’agit des récits imbriqués, enchâssés de deux personnages qui se nourrissent l’un l’autre, dans un mouvement de va-et-vient dans la réalité et la fiction. Un être de chair et un être de fiction qui tantôt renvoient à deux faces d’une même pièce, tantôt à deux êtres différents au point de semer le doute dans la tête de Massata qui, à un moment donné, « se décharge en pensant que ce moi de ses « Rêveries » n’est plus lui du tout ». Ce qui ramène le lecteur à s’interroger sur la sempiternelle question de la fiction et de l’histoire en littérature, comment se nourrissent-elles, jusqu’à quelles limites.

Massata, écrivain ou aspirant écrivain à « la brouillonne créativité » rêve de gloire littéraire dans un Sénégal des années 1980. Dreadlocks en bataille, vivant une vie de bohème et d’artiste dans une ville de Dakar qu’il peint avec un certain réalisme ainsi que les tendances artistiques qui y prévalent à une certaine époque, il nous dépeint également les linéaments de son processus d’écriture à travers un manuscrit (Les Rêveries du Réel) qu’il a achevé d’écrire et dont il nous lit de temps en temps des extraits, mais qu’il n’a pas osé proposer à un éditeur, bien que l’envie le brûle. Il s’agit dans ces « Rêveries dans le Réel » de l’histoire de Talla, reflet de Massata qui, « faute de réponse dans le réel va en chercher une dans la fiction ». Un mouvement de va-et-vient entre le réel et la fiction qui éclaire le lecteur sur l’enfance heureuse de Massata/Talla avec ses grands-parents, Mame Penda et Mame Thierno, de ses pérégrinations et ses insouciances avec sa bande de copains dans le brouhaha quotidien de la médina ; un quartier populaire de Dakar dans lequel Youssou Ndour est né. Pour qui connaît un tantinet la ville de Dakar, la toponymie reflète des endroits connus  ; la Corniche, Colobane, Ouakam entre autres. Il sera également question de la vie de pigiste que le protagoniste embrasse au Hibou philosophe, journal reconnu de la place qui le mettra dans un certain confort financier, loin de la vie de bohème qu’il menait avec ses copains dans le plus grand dénuement.


Pape Samba Kane : Sabaru JinneDe ces nuits agitées des quartiers populaires de Dakar telle la médina, il tentera de saisir le mystère des « sabaru jinne », « des tam-tams du diable » qui sont restés un casse-tête pour les habitants de ces quartiers qui entendaient, à une heure avancée de la nuit où aucun tam-tam n’était censé résonner, des sabar endiablés. Lui et sa bande n’ayant pu trouver aucune explication après avoir écumé les coins et recoins de la capitale sénégalaise, il finira par en trouver une dans la fiction qu’il créera vingt-huit ans après et qui portera le titre de Sabaru Jinne « les tam-tams du diable ».Une critique de Cheikhna Aliou Diaganapour le blog Chez Gangoueus

Pape Samba Kane, Sabaru Jinne, les tam-tams du diable

Editions Feux de brousse

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