Adapté du roman éponyme de James R. Hansen, First Man est le quatrième long-métrage de Damien Chazelle, après – notamment – les fantastiques Whiplash et La La Land. Si le cinéaste franco-américain délaisse pour l’occasion l’écriture du film, se contentant uniquement du rôle de réalisateur (et de producteur), il n’est pas étonnant de le voir s’approprier un tel projet, plusieurs de ses thématiques fétiches parcourant l’œuvre.
La plus évidente d’entre elles est certainement la poursuite de ses rêves, le film retraçant avec brio le parcours du héros pour atteindre l’inaccessible. Plus que l’accomplissement de la mission, fabuleux moment de cinéma, le récit insiste cependant surtout sur les turbulences du trajet, un tel périple ne pouvant s’effectuer qu’au prix de douloureux sacrifices. Il ne faut d’ailleurs que la frénétique séquence d’ouverture pour comprendre immédiatement toute l’ampleur de la tâche. En nous immergeant au plus près de l’astronaute lors des séquences spatiales, que ce soit par l’utilisation de plans resserrés, d’images tremblotantes ou de caméras subjectives, Damien Chazelle ne se limite pas seulement à retranscrire la dimension intimiste et expérimentale de l’entreprise, il nous donne également à voir son caractère mortel. Tout au long du film, la mort semble en effet littéralement poursuivre le personnage, terrassant ses acolytes à la moindre occasion et l’obligeant à surmonter son deuil en permanence. Il en découle, du coup, une atmosphère plutôt contrastée, faite d’instants d’excitation intense et de périodes d’extrême angoisse.
Après les fantastiques Whiplash et La La Land, Damien Chazelle signe donc, avec First Man, une nouvelle œuvre particulièrement aboutie, aussi majestueuse que sidérante. Terriblement immersif, le film aborde le thème de la conquête spatiale à travers le parcours intimiste de Neil Armstrong, explorateur rêveur tourmenté par le deuil.