Magazine Concerts & Festivals

Tamikrest à Ancienne Belgique - AB (Club), Bruxelles, le 16 octobre 2018

Publié le 16 octobre 2018 par Concerts-Review

Mitch ZoSo Duterck

- Ancienne Belgique (AB Club) - Bruxelles (BEL) - 2018.10.16
La venue en nos murs d'un groupe issu du peuple touareg et dont l'histoire présente des similitudes avec celle de Tinariwen était une opportunité que je n'ai pas voulu rater, et j'ai bien fait.

Fondé en 2006 Tamikrest se compose de Ousmanne Ag Mossa (guitare et chant), Aghaly Ag Mohamedine (percussions, chant et guitare) et Cheick Ag Tiglia (basse et chant). Leur musique est un mélange subtil entre la musique traditionnelle africaine et le rock et la pop qui nous sont familiers. Originaires de la région de Kidal, autour de la ville du même nom, dans le Nord-Est du Mali, ils ont tous les trois été à l'école "Les enfants de l'Adra", située à Tinzaouaten, une petite ville-oasis du Sahara. Ils y recevront les bases de leur formation musicale. Leur enfance et leur jeunesse ont été marquées par la guerre civile. Beaucoup ont perdu des proches lors des révoltes touaregs dans les années 1990 à 1995, période au cours de laquelle les hommes du désert revendiquaient une autonomie plus grande. Ousmanne et Cheick, préfèreront utiliser la musique pour attirer l'attention du monde entier sur la situation dans laquelle se trouve leur peuple plutôt que de rejoindre la lutte armée pour s'exprimer.

Deux musiciens français additionnels complètent le line up actuel en la personne de Paul Salavagnac, surnommé le " touareg blanc " (guitare) et du Montpellierain Nicolas Grupp (batterie). Parmi les influences musicales majeures du groupe, Tamikrest cite souvent Jimi Hendrix, Pink Floyd et Bob Marley. A ce jour, la discographie du groupe comporte 5 albums : Adagh (2009), Toumastin (2011), Chatma (2013), Taksera (2015) et Kidal (2017)

Set List :
01.Chatma.
02.Outamachek.
03.Fassous.
04.Tanakra.
05.Mawarniya.
06.Itous.
07.Tamiditin.
08.Wartoyed.
09.Wartila.
10.Aratan N'Tinariwen.
11.Imanin Bas Zihoun.
12.Aratan N'Adagh.
13. Djanegh Etoumast.

Familier des concerts des maliens de Tinariwen et des Nigérians de Toumast, je me devais absolument de découvrir Tamikrest. C'est donc avec une certaine dose d'adrénaline que j'entre le premier dans un AB Club encore vide. Mon pote Johnny du service sécurité me confie que seulement 70 tickets ont été vendus à ce jour, ça risque de faire vide dans un club qui peut contenir quatre fois plus d'acheteurs de sésames. Nous serons heureusement près de 200 au moment ou les lumières de la petite salle s'éteindront.
Ca démarre doucement aux accents de " Chatma " mais on peut déjà sentir que les gars qui sont sur scène savent ce qu'est un instrument, ça joue bien et cette pulsation africaine qui t'oblige à onduler en rythme s'insinue en toi et se propage dans tout ton corps, qu'est-ce-que c'est bon, délicieux même. Allez bouge ! Yallah, Yallah ! Le groupe nous montre déjà une autre facette de son talent avec des rythmes que Bob Marley aurait certainement apprécié.

Il y a une invitée surprise ce soir en la personne de la chanteuse marocaine Hindi Zahra qui vint apporter sa touche personnelle sur " Tamiditin ". Et l'ambiance continue à monter avec certaines touches de Jimi Hendrix et de Mark Knopfler bien nettes dans le jeu en fingerpicking d'Ouasmanne. C'est dans ce style là que Tamikrest se démarque nettement de Tinariwen, ici, les musiciens sont plus jeunes et ils ont certainement eu un accès plus
facile que leurs aînés au rock anglo-saxon qu'ils ont parfaitement intégré. A certains moments on croirait entendre des riffs de Led Zeppelin, ce qui n'est certainement pas pour me déplaire non plus. Passage d'Aghaly Ag Mohamedine à la guitare pour un titre. Notre homme à un style différent de son ami Ousmanne, le " nouveau " guitariste est encore plus incisif, plus rock. On en arrive à penser qu'un duo avec Ousmanne donnerait à coup sûr quelque chose d'énorme, un rêve ! Les rythmes se sont accélérés et toute la salle conquise, danse, danse, danse, comme si la nuit ne devait jamais finir.

Chaque morceau devint une jam au cours de laquelle chaque musicien trouve le temps et l'espace nécessaires pour s'exprimer : " Aratan N'Tinariwen " est une tuerie, ça groove comme jamais. En rappel, " Aratan N'Adagh " nous entraîne sur un terrain plus psychédélique, un peu à la " Careful with that axe, Eugene " de Pink Floyd. Le texte est plus grave puisqu'il traite des difficultés de la vie des Touaregs, du désert, de la sécheresse, du manque d'infrastructures comme des hôpitaux par exemple et des enfants qui sont bien souvent les premières victimes des conflits.

On terminera dans une sorte de transe collective sur " Djanegh Etoumast " et c'est sous une formidable ovation que le groupe se retire après cette prestation de très haut niveau. Cela fait un an qu'ils n'étaient plus venus, espérons que j'aurai l'occasion de les revoir avant ça. Si vous le désirez, je ne saurais trop vous conseiller que de plonger dans leur album live " Taksera " enregistré à Alsfeld, Allemagne, en 2014. Montez le son et laissez-vous emporter par les rythmes envoûtants de Tamikrest.

Un immense merci pour cette soirée magique.

Mitch " ZoSo " Duterck


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Concerts-Review 35011 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte