Après 52 artistes, c’est au tour de 31 cinéastes, Jean-Paul Salomé, Alain Corneau, Costa-Gavras, Jeanne Labrune, Jean Marboeuf, Christian Carion, Jean-Jacques Annaud, Bertrand Van Effenterre, Bertrand Tavernier, Dante Desarthe, Patrick Braoudé, Pierre Jolivet, Rachid Bouchareb, Michel Deville, Gérard Krawczyk, Jacques Fansten, Christian Vincent, Pierre Salvadori, Michel Andrieu, Véra Belmont, Bertrand Blier, Claude Lelouch, Patrick Bouchitey, Catherine Breillat, Pascal Thomas, Paul Boujenah, Jean-Loup Hubert, Gérard Jugnot, Philippe Lioret, Radu Mihaileanu, Jean-Jacques Beineix, de lancer un appel dans Le Monde pour défendre la loi Hadopi adoptée en conseil des ministres le 18 juin dernier !
Voici quelques extraits…
En défendant ce projet de loi sans réserve, nous ne nous sommes pas transformés en défenseurs acharnés de quelque corporatisme ou de quelques majors - d’ailleurs inexistantes dans le cinéma français - incapables de faire évoluer un modèle économique obsolescent. Nous nous situons résolument dans la continuité de nos combats, en France comme à l’international, pour que l’exception et la diversité culturelles ne soient pas que de jolis mots à la fin de discours ministériels ou présidentiels.
La vitalité et le dynamisme de notre création ont un prix que notre pays a toujours su défendre en adaptant notamment le financement de la création et la rémunération des auteurs aux évolutions technologiques. En l’occurrence, les efforts demandés aux internautes dans ce projet de loi et notamment la nécessité de faire preuve de vigilance dans l’utilisation de leur abonnement Internet ne constituent pas un prix exorbitant. Au contraire, ils reposent sur une pédagogie active qui s’impose comme une alternative crédible aux peines fortes aujourd’hui encourues (3 ans de prison et 300 000 euros d’amendes).
[…]
Les amateurs de cinéma peuvent compter sur notre détermination à accélérer le calendrier prévu afin de mettre les nouvelles technologies au service de la plus large diffusion des oeuvres conforme à l’intérêt de tous.
Face à cette nouvelle proposition adaptée et graduée, nous sommes frappés par le mutisme de ceux qui, pour légaliser le pillage des oeuvres, ont ressorti le modèle de la licence globale pour la musique mais qui, en revanche, n’ont aucune proposition concrète et alternative au financement actuel des films et à la rémunération des cinéastes. A ce mutisme, nous souhaitons opposer le volontarisme et la justesse d’une loi équilibrée qui ne dresse pas de barricades entre des créateurs supposés incapables de se projeter dans l’avenir numérique et des internautes forcément soucieux de l’intérêt général et de la circulation des oeuvres.
Parce que nous ne faisons pas partie de ceux qui préfèrent s’en remettre au fatalisme et à l’évolution inéluctable des pratiques et des technologies, nous ne sommes pas prêts à sacrifier à la mode de la gratuité de la culture, qui reste une escroquerie intellectuelle, et à nous résoudre à voir les capacités de création de notre pays battues en brèche et laminées.