William Boyle revient dans le quartier de son enfance une nouvelle fois, Gravesend - auquel il avait dédié déjà un roman éponyme.
Amy est une jeune femme solitaire, elle ne fréquente que les gens qu'elle aide en tant que bénévole de la paroisse. La jeune femme a pourtant longtemps mené une vie de party-girl, ex-serveuse d'un bar, elle était un oiseau de la nuit. Elle découvre le quartier de Gravesend lorsqu'elle et sa petite amie de l'époque, Alessandra viennent s'y installer. Pourtant Alessandra avait juré de ne jamais y remettre les pieds. D'ailleurs, dès qu'elle a l'occasion, Alessandra part s'installer à Los Angeles, où elle compte relancer une carrière d'actrice.
Amy pense qu'il cache quelque chose et comme elle s'ennuie dans cette nouvelle vie, elle décide de le suivre à travers Brooklyn. Plein de questions la hantent : qui est-il réellement ? Qu-est-il allé faire dans la chambre de Mme E. ? Mais après plusieurs heures de filature, l'impensable se produit : Vincent est assassiné sous yeux d'un coup de couteau dans la gorge. Amy s'est cachée mais elle a vu l'assassin. Seul témoin de la scène, Amy rejoint Vincent qui vit ses derniers instants. Amy fait alors une chose impensable : elle se saisit du couteau et l'emporte. Et n'appelle pas les secours. Vincent meurt sous ses yeux....
Si William Boyle sait décrire à merveille le quartier de Gravesend, il le fait à travers le regard de cette jeune femme perturbée. Incapable de se poser, Amy doit composer avec la réapparition brutale de son père, et sa présence lors de la mort brutale de Vincent. William Boyle dresse le portrait d'une jeune femme qui croyait s'être trouvée avec la religion mais qui perd tout en quelques instants. Plus rien n'a de sens.
Basculant dans le thriller, Boyle offre au lecteur un roman où la tension augmente - le meurtrier est à ses trousses et victime d'une crise mystique profonde, la jeune femme prend des décisions totalement contradictoires et erratiques.
J'avoue clairement qu'il m'a été difficile de comprendre le comportement d'Amy qui ne fait jamais ce que l'on devrait faire : elle accumule les mauvaises décisions et ne semble jamais pouvoir redresser la trajectoire.
Si le livre se lit facilement et vite, reste que j'ai trouvé les derniers chapitres particulièrement longs et bavards. Un chapitre entier fait principalement de dialogues et de noms de rues ou de boutiques. J'aurais aimé plus de descriptions, mais l'auteur préfère les dialogues.
Heureusement les autres personnages sont très bien étudiés et approfondis, comme son propriétaire ou les vieilles dames. Et Alessandra également. J'aime aussi l'ambiance de cette banlieue new-yorkaise, de son passé historique, de la vie de ces gens simples.
William Boyle pose toujours un regard plein de tendresse envers ses personnages ou le quartier de son enfance et c'est ce que je retiendrais de ce roman.
Editions Gallmeister, 22,40€