Froufrou

Par Gourmets&co

La nouvelle aventure de Juan Arbélaez n’est, pour l’instant, pas très convaincante

Juan Arbélaez est un chef sympathique. Depuis ses débuts dans son petit bistrot de Boulogne-Billancourt où, avec son équipe de copains, il proposait une cuisine du continent sud-américain vivante, sincère, et joyeuse, il n’a cessé de progresser. Un tour de main proche du talent, un sens du contact, une belle gueule, un sourire désarmant, Laury Thilleman à son bras, et il se retrouve rue de Marignan pour l’ouverture du restaurant d’un énième 5 étoiles de la capitale, « Nubé », qu’il transformera plus tard en « Limon » sur un concept d’une cuisine d’agrumes sans grand intérêt.
Pris par le vertige de la démultiplication, il ouvrira « Levain » à Boulogne-Billancourt, puis « Yaya » à Saint-Ouen sur une thématique grecque avec la marque Kalios, dont le seul charme est la convivialité. Le voilà aujourd’hui à Froufrou, le restaurant du théâtre Edouard VII.

Comme on s’y attendait, la terrasse aux derniers beaux jours est killer. Paisible, pas une voiture, pas un scooter, un silence de bon aloi. L’intérieur est le contraire : décor presque théâtral, chargé, grands miroirs, tentures, sombre même la journée mais à l’éclairage très subtil, banquettes profondes, confort général et tables bien mises. Serveurs en noir et blanc, dans un genre décontracté mais bien présent, accueil efficace et ambiance tranquille le midi, plus agité, parait-il, le soir venu.

Carte amusante, en sorte de partition musicale, et certains plats annotés par le chef. Le concept furieusement moderne est : le partage. Partageons mes biens chers frères, il en restera toujours quelque chose… Une volaille, une épaule d’agneau, un jarret de veau, ou une lotte servie entière. Un choix classique, presque de brasseries, à forte tendance française et toujours les quelques touches colombiennes qui font la réputation et la carte d’identité du chef.

Girolles et champignons de Paris en persillade. De persillade point, à savoir un haché d’ail et de persil (parfois avec un peu de chapelure), mais plutôt un ragoût de champignons sans relief.

Le Lieu jaune, qui n’est pas sorti de l’eau hier matin, est gentiment cuit en huile aromatique et recouvert de trévise d’un effet moyen.

Le Suprême de volaille, très belle pièce, est servi bien rôti, et réjoui par un délicieux jus de viande. Plat riche, beau et bon. A ses côtés, une purée recommandable et des frites tout à fait acceptables.

Le riz au lait a fort peu de lait et a été cuit un poil trop longtemps. Rehaussé par des dés d’ananas, il nourrit son homme. Jolie, jolie salade de fruits, mangue et poire, en prime. Agréable.

La nouvelle aventure de Juan Arbélaez n’est pour l’instant pas très convaincante et peut rentrer dans la catégorie d’une table comme les autres. On va laisser du temps au temps et au chef une occasion de se reprendre car l’homme a du talent. Il serait dommage de le laisser s’envoler aux quatre vents.

Froufrou
Théâtre Edouard VII
Place Edouard VII
75009 Paris
Tél : 01 47 42 92 55
www.Froufrou-paris.com
M° : Opéra
Ouvert tous les jours

Carte : 41 € (minimum) – 57 € (maximum)
Plats à partager : de 75 € à 120 € (prix pour deux)
Vins au verre : de 7 € à 12 €