A sa sortie, l'œuvre co-écrite par Roxane Moreil et Cyril Pedrosa (qui œuvre également aux dessins) était un peu passé sous mon radar et ce d'autant plus que je lis assez peu de BD européennes. Toutefois son graphisme particulier, et les critiques dithyrambiques que j'avais pu lire ici et là avaient piqué ma curiosité. Le fait qu'Izneo me permette d'accéder à ce titre a fini par me convaincre, ce que je ne regrette pas une seconde.
Premier volume d'une série qui en comptera 2, l'âge d'or de par sa profondeur et la richesse de ses thématiques tient presque plus du roman que de l'œuvre graphique. En d'autres termes, s'il y a bien une œuvre qui né dévoie pas la définition de roman graphique c'est bien l'âge d'or.
L'âge d'or commence comme une œuvre archi-classique celle d'une princesse rebelle (mais sensible au sort de son peuple) qui, à la mort de son père, se voit spoliée de son héritage et de son royaume par son jeune frère. Désormais exilée, la jeune femme, accompagnée de ses deux derniers fidèles, Tankred et Bertil, s'engage dans un long périple sur les traces de la légende de l'âge d'or.
L'âge d'or est est un récit à tiroir qui se lit avec grand plaisir notamment grâce à sa galerie de personnages complexes et intéressant Tilda en tête. La princesse évincée évolue en effet tout au long du récit pour le meilleur et pour le pire, livrant ici un modèle de caractère tout en nuance.
Très proche du conte de fée (mais pas au sens Disney du terme), l'âge d'or nous plonge dans un monde dans lequel se mêlent éléments surnaturels, références historiques (aux jacqueries paysannes particulièrement) et légendes de l'imaginaire collectif telles que Don Quichotte ou Robin des Bois.
Outre les moments de pure aventure, le titre s'intéresse à des thématiques plus graves au fil des pérégrinations de son héroïne: obligations liées à l'exercice du pouvoir, sociétés féministes ou encore injustice sociale (sur la condition des paysans par exemple), ces concepts sont développés lors des 224 pages qui composent ce gros volume et ce, sans que cela ne paraisse trop tiré par les cheveux.
Graphiquement, il faut le reconnaître, le dessin de Cyril Pedrosa est vraiment particulier, il faut s'habituer aux personnages anguleux aux proportions étranges mais de mon point de vue cela donne au titre un aspect encore plus fantastique très plaisant. Il n'est d'ailleurs pas sans rappeler les tapisseries du Moyen-age (si vous connaissez la tapisserie de Bayeux par exemple) dans son découpage. En outre, la colorisation qui balance sans cesse entre palette chaude et palette froide, au rythme notamment, de des instants de fureur qui parcourent le titre.
En bref, ce premier volume de l'âge d'or m'a vraiment beaucoup plu et je le recommande chaudement. Pour ce qui me concerne, j'ai hâte de lire la suite et d'en connaître la conclusion notamment en raison du cliffhanger de fin de volume qui ne peut que susciter des interrogations.
L'âge d'or est disponible dans une magnifique édition papier au tarif, il faut le reconnaître, un peu salé de 32€ (mais qui vaut son prix).
Si, tout comme moi, vous êtes adepte de la lecture sur support numérique, alors il ne vous en coûtera (que) 9,99€ ce qui est, ma foi, très bon marché pour une œuvre de cette qualité.
Ma note : 4,5 romans de Renart/5