Jean-René Lassalle,
qui offre chaque mois à Poezibao de belles traductions inédites
de toutes sortes d’auteurs étrangers,
vient de publier Sangleil aux éditions Grèges.
transie
trace malléant
fragil auxil i aire inanimée
l'entrecroisement félin qui se nomme soi(e)
parle l'hybride, rétractile périvagin
aux vents avivé jusqu'à l'oblitération jouie
tu nu et je jeu s'inversent, deux soleils
se lèvent qui au ciel qui en la mer, émettant
sens dans son, onde animant corpuscule un
moi non-agissant (fléchi) on l'aspirobserve (réfléchi) :
« la loi doit pas frapper le déprivé d'abri », voile
écrivisible. (personne, œuvre, temps). re-source
herbes racinantes, séquestration
dans cycline percevant l'omni
présence d'un intégral mortcellement
si étoilé par trajectoires avec oubliant facetté
dans la reprise de simples
évolutions, si n'est un point étonné
que mouillé dans un coin, s'assemblage
respons, abeille intérieure
filasse
lissée à l'eau perd
force, poids du fini pousse à infiniment
infonder larguant manteau de douleur sur s'incriminant
filiation induit procrée ou refus, défection nuit ou criéer, chimie
de la machine plombe, à rompre dans la broie teiller lin de
l'écorce, ne s'accusant pas d'accès à vie un oiseau haloé
se libère vers un ciel, naissance qui dure chute peignée en étoupe
à filer, une tombe de pierre sera bierre de l'ombre, la voix
obsédante nécessaire s'articule sans destinataire avec lumière
de l'esprit répond à celle solaire, fumigeant père-porte
et une mère-mort en vidéovampires, au mont tonnerre bière
narcotique de brühl en roer l'heur était seul désisolant ornement
vêtu d'un linge de lettres, réglant l'un taille de fosse et temps
de sa refermeture, l'autre arbre plein-vent en conservation média-
multipliée, géométrisée sensible tourbe chauffe bêchée
lumineuses fruits des bois rouge feu noir sanguine
bleu malvé propices à pense mue acidule aromatique
fumant l'eau de la vie, formate prêles limoneuses
de broïch enchâssant sureau
holunderlin médicin
ale luz
hi
sse roue
gigantomache ébréchée
poutrée ignifiable : mélosse s'insinue
en harmonios, vecteurs ricochent entr'clapots
reflets, interconnecte arachnéennes dolors
à volupté pose les pions de la difficulté, les animaux
sont guidés entre feux de bengale, catégorisant peurs
du plan autoengendre rythmes dans le temps, la structure émouvante
gymkhane aux délicatueux millilitres, intonation affaiblie
se désosse s'expresse sur la table nycte-flamboie à
rouages : ébauche sur mur pourtour d'ombre d'un
aimé l'encore vulnérabilité s'oriente vers l'échangeur
de veines contre instructure échouée
en chute et psychomaillage ambule
dans ampleur, un promeneur autophoto
s'évapore dans le petit jardin, l'ignoble mort
lui vole des minutes mais coruscante
tomatl l'emplit de sa couleur
recompose furor en ténue
roue en feu dévale nuit
affleure signifiable
Jean-René Lassalle, Sangleil, éditions Grèges, 2018, 132 p., 15€
Sur le site de l’éditeur :
Sangleil est un livre de poésie en français qui emploie le langage dans une perspective expérimentale tout en gardant une danse de pensée et une composante lyrique. Le titre du livre fait référence à deux leitmotivs qui s’unissent souvent dans ces poèmes, le sang humain et le soleil cosmique, par le tressage de leurs couleurs, attributs, connotations, significations. Le livre est divisé en 10 cycles de 10 poèmes, comme lentement comptés sur les doigts des mains. Les noms des cycles proposent des aspects ou perspectives sur les poèmes vus comme des sabliers, lampes, urnes, étoiles, etc. Ces aspects sont aussi concrétisés dans le graphisme des poèmes sur la page, volontairement simple mais évocateur, présentant une centaine de variations sur la même forme, intégrant des allusions aux poèmes visuels antiques ou baroques, à la poésie concrète et aux jeux typographiques actuels. La forme du poème relie encore au titre du recueil, elle peut symboliser un cœur ou une étoile. Tous deux sont sujets à des pulsations qui provoquent un va-et-vient entre forme et informe. On pourrait aussi considérer ce livre comme un flip-book virtuel : si on le feuillette en continu, on peut imaginer voir une forme de lettres qui s’anime comme un cœur (ou une étoile). Les poèmes en eux-mêmes sont des kaléidoscopes de langage, recherchant le lyrisme abstrait d’une musique qui évoquerait l’humanité et certaines stridences du free-jazz. Ils contiennent aussi une danse de pensée qui espère parfois dialoguer avec la philosophie et parfois problématiser les blocages, lacunes, ou douleurs possibles de la réflexion. Leur langue française est souvent traversée de mots ou phrases d’idiomes variés, car consciente d’être immergée dans un monde planétaire. Cette hybridation légèrement multilingue provient d’une nostalgie reconnue métaphorique pour un langage universel imaginaire ou du moins un arbre babélien des langues (thème de certains des poèmes).