C'est, soulignons-le, ce qui reste une différence importante avec l'édition à compte d'auteur, qui n'est qu'une prestation de service consistant seulement à faire imprimer le livre, que l'auteur doit ensuite vendre par sa seule activité. Rappelons à ce sujet que l'édition à compte d'auteur doit répondre à au moins trois critères essentiels :
- le contrat doit porter la mention légale d'édition à compte d'auteur ;
- c'est l'auteur qui choisit le nombre d'exemplaires à imprimer, puisque c'est lui qui les paie
- l'éditeur peut lui proposer (mais non lui imposer) des services publicitaires.
L'édition à compte d'auteur est à réserver aux livres à petite diffusion, se limitant aux proches de l'auteur. Il peut également s'adresser tout bonnement à un imprimeur. S'il souhaite une vraie diffusion de son livre, mieux vaut choisir une autre solution.
C'est pourquoi le procédé éditorial participatif qui se démarque de l'édition à compte d'auteur - nous l'appellerons " compte d'éditeur avec participation " - reste tout à fait honnête et défendable, notamment avec les conditions très avantageuses qu'un éditeur peut faire à l'auteur : il peut disposer de services de publicité et de diffusion du livre tout à fait conformes à une édition traditionnelle : vidéos publicitaires sur youtube, présence du livre sur divers réseaux et sites commerciaux, etc. Il y a vraiment là de quoi enchanter un auteur, s'il accepte de sacrifier au départ une somme raisonnable.
(Ouvrons une parenthèse : bien entendu, certains procédés éditoriaux prétendument participatifs, qui prétendent ne faire payer que la " maquette " du livre mais à des tarifs prohibitifs, allant de 1500 à 3000 €, demeurent absolument inacceptables. Le livre risque fort de ne pas se vendre et il faut toujours se méfier des éditeurs qui font de la publicité pour racoler des auteurs dans des journaux peu regardants !)
Cependant, il n'en reste pas moins que la plupart des auteurs ne souhaitent pas payer pour être édités : ils souhaiteront avant tout être édités à compte d'éditeur, donc sans aucun frais à avancer : dans une édition traditionnelle, c'est l'éditeur qui engage tous les frais sans en imposer aucun à l'auteur et c'est ce dont rêvent tous les auteurs !
C'est tout à fait respectable, bien sûr, mais il faut savoir que réaliser un tel souhait est devenu très difficile car la plupart des éditeurs traditionnels - à compte d'éditeur donc et qui publient en assumant tous les frais - se divisent maintenant en deux catégories :
- ceux qui sélectionnent leurs auteurs parmi les personnalités connues du grand public, comme le grand Galligrasseuil ; un auteur inconnu ou débutant n'a pratiquement aucune chance d'être publié par eux.
- L'autre catégorie est un peu plus modeste mais souhaite publier, de son propre aveu, " des auteurs qui vendent " ; ces éditeurs les choisissent donc en fonction de leur notoriété, qui peut venir de leur profession, par exemple : un notaire, un médecin, un avocat peut avoir des contacts parmi une clientèle et un ordre professionnel, qui constitueront alors des acheteurs potentiels. Un auteur ayant souvent publié peut également être plébiscité.
Décourageantes, ces considérations ? Peut-être. Rappelons cependant qu'un éditeur n'est pas un thaumaturge et qu'il veut lui aussi gagner sa vie par le métier qu'il exerce. C'est, je pense, ce qui peut justifier parfaitement ses préférences éditoriales, tant par le choix des auteurs que par les procédés d'édition. Il faut cependant veiller à l'honnêteté, à la franchise de ces procédés, afin que les partenaires - l'auteur et l'éditeur - demeurent absolument d'accord sans chercher à se tromper l'un l'autre, travaillant donc dans une atmosphère de confiance et de sérénité mutuelle.
Gageons que la plupart des contrats d'édition demeureront comme tels, quels que soient les procédés utilisés.
par Thierry ROLLET
auteur, éditeur, agent littéraire
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