Episode 25 : Des nouvelles de Rome.
A l'heure dite, Laplume était à la Gare de Lyon, au pied du wagon qui ramenait la mamma et Giovanni de Rome. Il avait demandé un porteur qui dû trouver la tâche bien légère. Les autorités italiennes ne leur avaient pas laissé le temps de faire profusion de bagages et c'est avec deux maigres valises qu'ils descendirent du train. Chez Giovanni, à la joie des retrouvailles se mêlait la tristesse des exilés. La mamma ne disait rien. Elle réalisait sans doute qu'elle ne reverrait jamais Rome et que c'est ici qu'elle achèverait sa vie. Ils arrivèrent en taxi à leur nouveau domicile rue Beccaria[1]. La mamma se montra satisfaite. D'un regard, elle remercia Laplume. Les deux hommes sortirent pour la laisser s'installer et discuter à leur aise. Ils s'installèrent devant un pichet de Sauvignon, dans un bistrot non loin du marché d'Aligre.
- Je ne te remercierai jamais assez, Emile. Je crois que sans l'intervention de Clémenceau, j'étais bon pour pourrir au cachot, je ne sais combien de temps. Quant à la mamma !
- Je me sentais un peu coupable de t'avoir entrainé à suivre cette affaire de Saint-Louis-des-Français.
- Même sans toi, je crois que je n'aurais pas pu m'en désintéresser.
- Tu es bien conscient, que sauf changement majeur, tu ne pourras pas retourner à Rome.
- Je me suis fait une raison.
- Tu as eu connaissance de nouveaux développements concernant l'affaire Verduni.
- Tu penses bien que les flics qui me gardaient ne m'ont pas tenu au courant. Mais, je pense qu'ils vont tout mettre sur le dos de ce clochard sur lequel on a trouvé le portefeuille de Verduni.
- C'est invraisemblable ! Pas besoin d'une telle mise en scène pour s'emparer de quelques billets.
- Mes amis journalistes m'ont promis de me tenir informé, mais ils n'ont pas grand-chose à se mettre sous la dent. Notre meilleure source va rester le curé. J'ai son adresse et je ne pense pas que les flics surveillent son courrier.
- Tu sais que nous avons eu à Paris un crime qui ressemble à celui que nous avons découvert à Saint-Louis-des-Français.
- Oui, tu m'en avais parlé. Mais les deux victimes n'ont rien en commun.
- C'est bien çà qui me pose problème ! Si on s'en tenait à la mise en scène, on pourrait en conclure que nous sommes face à une " monomanie homicide ", comme dirait Lacassagne[2], une sorte de Joseph Vacher[3]en plus cultivé. Cependant à Paris, nous avons une piste sérieuse.
- Explique-moi vite.
- Le Louvre est fermé la nuit. Pour y introduire le cadavre, il fallait une complicité de l'intérieur. Le commissaire Genet a découvert qu'un gardien endetté jusqu'au cou avait été payé pour laisser une porte ouverte.
- Vous avez découvert par qui il a été payé ?
- C'est ce que cherche le commissaire Genet.
- Bref, vous n'êtes guère avancés.
- Je te le concède. Toutefois, cela démontre que nous ne sommes pas face à un individu qui frappe au hasard, mais à quelqu'un qui prépare méthodiquement ses crimes et ses mises en scène.
- Je pense que pour Rome, c'est la même situation.
- Oui, mais pour un seul homme, cela me semble difficile d'organiser deux crimes aussi éloignés en aussi peu de temps.
- Alors tu déduis que ?
- Ce n'est pas l'affaire d'un tueur isolé. Les mises en scène me font penser à des crimes rituels, dignes d'organisations sectaires voir sataniques.
- D'accord Emile, mais quel message une secte voudrait-elle adresser avec ses crimes. Car ce genre d'organisation ne commet pas de crime gratuit !
- Quand nous le saurons, nous ne serons pas loin des coupables. Allez, on rentre. On ne va pas laisser la mamma seule pour sa première soirée parisienne.
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