Gwenifer Raymond ‘ You Never Were Much Of A Dancer

Publié le 16 octobre 2018 par Heepro Music @heepro

Si You Never Were Much Of A Dancer est un disque essentiellement voué à l’art guitaresque, la toute première musique est une introduction d’une minute au violon, laissant place à de légers cris d’oiseaux pour une entrée en matière très en lien avec la nature… en parfait désaccord avec le visuel où l’on voit la guitariste dans un espace clôt, étroit, et empli d’objets très personnels et d’autres figurant ici pour nous impressionner. Pour autant, remarquez les pieds de l’Anglais et, vous l’aurez compris, la guitare est plus qu’une fenêtre sur le monde extérieur : c’est un lien avec tous ces endroits les plus lointains, sur Terre ou dans nos songes.

Ensuite, c’est bien la guitare qui est à la fois le fil conducteur et le sommet à atteindre de « Sometimes there’s blood », morceau où le doigté de Gwenifer Raymond est plus vibrant que jamais, et je ne m’étonne pas qu’il s’agisse du premier single choisi .« Idumea » est plus authentique, car presque indigène, avec un ajout de rythmes tapotés et donc aisément perceptibles, pourtant il n’y a qu’une guitare.

« Off to see the hangman part II » ne reprend pas tout à fait là où nous avait laisser la première partie en début d’album. L’ambiance est plus lourde, et donc pesante, bien que le final s’envole pour atteindre une extase vraisemblablement maîtrisée.

Il y a une influence, une inspiration, et un ancrage très américain, en particulier lors des morceaux les plus courts sur lesquels son jeu incroyable au banjo est ébouriffant (« Face down strut », « Oh, commend me Lord », « Sweep it up », « Bleeding finger blues »).

Étonnamment, ou non, « Requiem for John Fahey » est plutôt vivant, avec une certaine joie perçant au milieu de ce vide emplie de cordes à tout va, à l’instar du style mis en lumière par le guitariste qui, désormais, figure parmi les plus grandes légendes américaines de l’instrument à six cordes.

Le final « It was all sackcloth and ashes » nous abandonne dans une humeur presque léthargique, et en tout cas tout à fait nostalgique.Si le visage de Gwenifer me remémore les artistes grunge qu’elle a écoutés, son esprit punk ne semble jamais loin non plus. Malgré tout, ce sont bien les styles blues, folk ou d’autres plus classiques toujours liées à la guitare qui lui ont permis de s’épanouir musicalement. Bien sûr, elle n’oublie jamais de mentionner le rôle-clé d’un album découvert à l’âge de huit ans seulement – vous savez, celle avec un bébé nageant après un billet d’un dollar – qui lui aura fait vouloir, la même année, qu’on lui offre sa toute première guitare.

Une guitare que Gwenifer sait être mille fois suffisante à exprimer le moindre sentiment qu’elle souhaite mettre en musique. Loin des groupes au sein desquels elle joue habituellement. En solo, sans le moindre accompagnement supplémentaire, ni voix. Quand la musique réussit à véhiculer autant d’émotions avec si peu d’éléments, alors c’est bien simple : on ne peut que se laisser aller à avoir des frissons, et la magie ne peut qu’opérer le plus naturellement du monde !

You Never Were Much Of A Dance n’est pas une révolution sinon une parfaite confirmation de la force et de la puissance d’une guitare lorsque celle-ci ne forme plus qu’une avec l’artiste qui en joue.

(in heepro.wordpress.com, le 16/10/2018)

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