Le gandin est spirituel ! " Spirituel ", voilà un autre des jolis mots de la langue française. Il vient du bas latin spiritualis, et du latin spiritalis (spirituel), dérivé de spiritus (souffle, air, esprit, sentiment...).
En latin, spiritus et spiritalis sont des termes particulièrement liés à l'air et à la respiration. L'esprit est le souffle vital, le principe de vie ; il est donc directement en rapport avec la parole qui est un des éléments du souffle. C'est sans doute pour cela qu'il est si important pour moi d'écrire... vital même. L'écriture aussi est un souffle, avec ses virgules qui rythment cette respiration.
Le souffle qui vient de lui semble naturel. Ars [est] celare artem dit un adage latin : L'art consiste à ne pas montrer tout l'art dont il est issu. Les acteurs, rhétoriqueurs et autres spécialistes de la communication verbale devraient être les premiers à suivre cette sentence. Je trouve souvent étrange et malsain d'entendre certains d'entre eux entrecouper leur parole d'inspirations saccadées.
Un des premiers souffles, airs, rythmes (peu importe le nom que l'on donne à cela) que le gandin doit entretenir est celui de son esprit. Dans l'Ancien Régime, avoir de l'esprit est indispensable à la personne du bon ton. Cela consiste à posséder de l'à-propos, de la finesse dans la conversation, de l'intelligence, de la philosophie, une douce verve, lumineuse et teintée d'humour, une légèreté profonde : Neglentia diligens disent les Romains (voir au sujet de cette expression Les Petits-maîtres du style).
" Être spirituel " est synonyme d'" avoir de l'esprit ". Depuis le Moyen Âge, le terme " spirituel " prend aussi une valeur mystique : Spiritus Sanctus (le Saint-Esprit)... Celui de " spiritualité " est tout entier dans le mysticisme. Le spirituel manque beaucoup à notre société. Je le distingue de la spiritualité et de la religion, le spirituel et le religieux étant selon moi très différents. Il consiste peut-être, à aller profondément dans l'esprit, chercher ses limites, et à les dépasser, être d'une finesse toute belle et bonne...
* Il serait très intéressant d'aller plus avant dans ces écrits, qui donnent des clefs pour rester en bonne santé et que, de nos jours, l'on ne trouve pas dans la médecine contemporaine. Par exemple, il est stipulé que manger en trop grande quantité et trop riche (pas assez simple), produit un amoncellement de vents, ce qui apporte des maladies. C'est la même chose avec les plantes médicinales : Pour soigner, on aime utiliser des concoctions faites de divers éléments, alors que prendre une seule plante ou deux ou trois séparément est, selon moi, plus bénéfique... surtout si on y ajoute des exercices et une diète ou un régime appropriés.
Cette connaissance de soi n'est pas un repli sur soi... au contraire... puisqu'il consiste à connaître aussi l'entourage. Et puis, si chaque être humain est différent, tous se ressemblent. Comme un des personnages d'une des comédies de l'auteur romain Térence (vers 190 - 159 av. J.-C.) le dit : Homo sum humani nihil a me alienum puto (" Je suis un homme ; rien de ce qui est humain ne m'est étranger. ").