Nous avons traversé la nuit sans délivrance
J’entends les autobus et la rumeur subtile
Des échanges sociaux. J’accède à la présence.
Aujourd’hui aura lieu. La surface invisible
Délimitant dans l’air nos êtres de souffrance
Se forme et se durcit à une vitesse terrible;
Le corps, le corps pourtant, est une appartenance.
Nous avons traversé fatigues et désirs
Sans retrouver le goût des rêves de l’enfance,
Il n’y a plus grand-chose au fond de nos sourires,
Nous sommes prisonniers de notre transparence.
*
The sun rises and grows, falls back on the city,
We have passed through the night without deliverance
I hear the buses and the subtle murmur
Of social exchanges. I reach presence.
Today will take place. The invisible surface
Marking the air with our suffering beings
Forms and hardens at a terrible speed;
The body, the body however, grants belonging.
We have passed through weariness and desires
Without finding the taste of childhood dreams,
There is nothing left behind our smiles,
We are prisoners of our transparency.
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Michel Houellebecq (né en 1956 à Saint-Pierre) – Le sens du combat