Comme les États-Unis semblent maintenant revenus en 1951, je me suis dit que voir un film Étatsunien, où l'action se situerait en 1951, serait approprié.
Devant la suprême beauté de Cybill Shepherd, mon attention a été détournée vers les faiblesses amoureuses et les malchances du réalisateur du film Peter Bogdanovich.
Vers 1966, Bogdanovich, inspiré par la Nouvelle Vague Française, passionné de cinéma, écrivant beaucoup sur le sujet, se sauve en compagnie de son épouse Polly Platt et le couple ne paie pas le dernier loyer afin de s'installer à Los Angeles. Où tout doit se passer si on veut un jour, du cinéma, réaliser.
Polly & Peter ont deux enfants ensemble.
Costumière, Polly co-scénarisera le premier film de Peter. En plus d'y faire son métier sur le plateau. Polly & Peter sont un couple exceptionnellement uni faisant absolument tout ensemble. Ils sont une unité. Une équipe. L'amour.
Mais Peter fera péter tout ça.
Son second film sera son mieux reçu. Il passera même à l'histoire des États-Unis. Enregistré comme patrimonial. The Last Picture Show raconte, tiré du roman de Larry McMurtry, la ville fictive de Anarene au Texas (inspirée de(et tourné à) Archer City, la ville de la jeunesse de McMurtry) et ses habitants.
Cybill Shepherd était une jeune femme de 21 ans. Bogdanovich était tombé sous son charme la découvrant à la Une du magazine Glamour, un an avant. Il la choisira sur cette seule base, une mannequin sans expérience à l'écran, pour jouer son principal personnage féminin dans son film de 1971. Et ironiquement, c'est même Polly Platt qui lui montre la revue en lui disant: "Voilà ton personnage de Jacy" pendant que l'équipe pense à sa distribution des rôles.
Sans le réaliser, elle offre celle qui créera une brèche dans son propre mariage. Devenue designer de production sur le tournage du film de son amoureux, Polly verra sous ses yeux une idylle se dessiner entre Cybill et Peter. Cybill aura aussi des liaisons avec Jeff Bridges, le scénariste McMurtry et le gérant de location Frank Marshall.
Le mariage de Bogdanovich se termine là où débute sa liaison avec Shepherd. Platt et lui ont deux bébés. Bogdanovich et Shepherd ne dureront pas ensemble comme amoureux, mais leur amitié sera durable, jusqu'à nos jours. Chacun participant au projet de l'autre de temps en temps.
Les films de 1974 et 1975 de Peter impliqueront Shepherd mais seront de massifs fiascos. En 1979, le couple n'est plus. La crédibilité cinématographique de Bogdanovich, très affaiblie. Ses 4 derniers films étant des catastrophes ou des demi-échecs. Jamais plus il ne sera à la hauteur de The Last Picture Show ou Paper Moon.
Ironiquement, son dernier bon film alors, est aussi le dernier sur lequel Polly Platt aura travaillé avec lui. En remarquable partenaire, elle travaillera avec lui sur deux films (en plus de terminer le tournage de The Last Picture Show se sachant cocufiée) APRÈS s'en être séparée.
Mais Bogdanovich feuillette, en 1979, une autre type de magazine.
Un magazine de demoiselles, moins costumées.
Sur le tournage, Peter craque pour la jeune blonde de 20 ans, et une liaison se tricote. Stratten voudra divorcer de Snider. Mais celui-ci est une bombe. Et il l'assassinera d'une balle à la tête, une fois le tournage terminé. Il se garde une balle pour sa propre tête tout de suite après.
Jamie Lee Curtis la jouera pour la télé, la même année que le film They All Laughed de Bogdanovich est lancé. Bob Fosse s'inspirera de l'histoire de Stratten pour son film de 1983.
Peter ne sera plus jamais le même. À 49 ans, il épouse la jeune soeur de Stratten quand elle a 20 ans, 4 ans plus tard, soeur pour laquelle il avait assuré tous les frais de scolarité depuis la mort de sa grande soeur.
Ils se séparent en 2001.
Bryan Adams et les Red Hot Chilli Peppers ont chanté la mémoire de Dorothy Stratten. Peter a écrit un livre sur elle.
J'y reviendrai peut-être un jour mais il y a des drôles de vibrations autour de Bogdanovich.