L’arthrose de la cheville est beaucoup moins fréquente que l’arthrose des autres articulations comme celle du genou ou de la hanche. Il s’agit d’une usure ou d’un endommagement du cartilage articulaire entre l’extrémité inférieure du tibia et le talus (astragale).
Causes de l’arthrose de la cheville
La cheville est l’articulation la plus traumatisée du corps humain et les contraintes mécaniques qu’elle subisse par centimètre carré de surface articulaire sont les plus importantes. Les traumatismes restent la cause principale de l’arthrose de la cheville.
Traumatismes de la cheville : bien que difficile de prédire une arthrose de la cheville après un traumatisme, certains facteurs ont été bien identifiés comme : les fractures articulaires et les instabilités chroniques, sources de laxité et des lésions cartilagineuses. Une ostéonécrose est également susceptible de survenir après une fracture de la cheville, qui évoluera à son tour vers l’arthrose.
Polyarthrite rhumatoïde : c’est une maladie inflammatoire chronique due à des troubles du système immunitaire qui agresse le cartilage causant une destruction des articulations.
Infections bactérienne : l’arthrite infectieuse est une inflammation articulaire causée par une bactérie. Le cartilage, qui est essentiel pour le bon fonctionnement de l’articulation, peut être détruit ou abîmé en quelques heures ou quelques jours.
Surcharge pondérale (surpoids) : il est bien démontré que l’obésité est un facteur de risque d’arthrose. Le surpoids exerce des contraintes supplémentaires sur les articulations et le cartilage, ce qui favorise son usure.
Génétique : l’effet de la génétique dans le développement de l’arthrose est encore mal élucidé mais on sait que certaines personnes sont plus prédisposées à l’arthrose que d’autres.
Symptômes de l’arthrose de la cheville
La douleur est le principal symptôme de l’arthrose de la cheville, elle est souvent le motif de consultation des patients. Elle est généralement déclenchée par la marche et soulagée par le repos. D’autres symptômes peuvent s’y associer :
– Raideur de la cheville ;
– Œdèmes autour de l’articulation ;
– Déformation de la cheville ;
– Instabilité de la cheville.
Moins fréquemment, l’arthrose de la cheville peut associer une irritation des nerfs autour de l’articulation, provoquant des fourmillements et un engourdissement des pieds et des orteils.
Bilan d’imagerie
L’arthrose de la cheville est généralement facilement diagnostiquée avec un examen clinique et une radiographie. Cette dernière doit toujours être réalisée en charge avec les incidences suivantes : face en rotation interne pour dégager les deux interlignes articulaires, profil et les clichés dynamiques évaluant la mobilité en flexion dorsale et plantaire.
Une fois les patients diagnostiqués, un traitement médical et fonctionnel est prescris . La plupart des patients peuvent trouver un soulagement en suivant certaines étapes, notamment la modification de leurs activités et l’adaptation de leurs chaussures.
Traitements de l’arthrose de la cheville
Le traitement médical vise à soulager la douleur de l’arthrose et à retarder l’échéance d’un traitement chirurgical radical.
Chaussures orthopédiques : le choix des chaussures est important pour aider au soulagement des symptômes. L’utilisation des chaussures à semelle berceau facilite le déroulement du pas. Le port de talons hauts est contre-indiqué.
Les semelles orthopédiques : aussi appelées orthèses plantaires sont des dispositifs qui permettent de modifier les appuis du pied au sol. Cette modification de l’appui au sol peut permettre de diminuer les douleurs et de faciliter la marche par une meilleure position du pied au sol.
Adaptation de l’activité physique : l’hygiène de vie (perte du poids) et l’adaptation de l’activité physique quotidienne représentent un volet important dans la prise en charge de l’arthrose de la cheville. Le patient doit limiter les activités comme le saut et de courir, surtout sur les terrains accidentés.
Chevillères : il y a différents types, elles peuvent aider à stabiliser la cheville en prévenant les mouvements à amplitudes excessives.
Anti-inflammatoires : ils peuvent soulager la douleur pour une arthrose de la cheville modérée. A utiliser prudemment pour leurs effets secondaires.
Les infiltrations cortisonique : pour les cas de douleurs rebelles au traitement précédent, les injection intra-articulaires de corticoïdes peuvent être très utiles pour soulager la douleur.
Le recours à la chirurgie
Le traitement chirurgical s’avérera être nécessaire après échec du traitement médical. Le choix de la chirurgie dépendra de l’âge du patient, de son niveau d’activité physique, du niveau d’atteinte des articulations, et de l’emplacement de l’arthrose.
Les différentes interventions chirurgicales pour l’arthrose de la cheville comprennent :
Le débridement sous arthroscopie : utile dans les premiers stades de l’arthrose, il permet d’effectuer les gestes nécessaires au nettoyage articulaire (ablation de corps étrangers, d’excroissance osseuse ou ostéophytes).
L’arthrodèse (fusion de l’articulation) : indiquée en cas d’arthrose avancée, le chirurgien enlève le cartilage qui couvre la surface articulaire et fixe les os entre eux par des vis pour une fusion secondaire, faisant un os continu.
Actuellement, cette intervention peut se faire sous arthroscopie. En cas de perte de substance osseuse ou de désaxation importante, une greffe osseuse est nécessaire. Les résultats sont classiquement bons en termes de douleur et de satisfaction au prix d’une limitation de la mobilité.
Néanmoins, l’ensemble des auteurs s’accordent à considérer cette intervention comme capricieuse et délicate, grevée de nombreuses complications.
Prothèse totale de cheville ou arthroplastie : l’articulation de la cheville endommagée est remplacée par une prothèse constituée d’implants en métal et en plastique permettant de préserver une mobilité satisfaisante de la cheville. Les progrès dans la conception des implants ont considérablement amélioré les résultats de cette intervention.
L’objectif final d’une prothèse totale de la cheville est d’obtenir une articulation non douloureuse, mobile et stable, et un pied plantigrade. L’arthrose idiopathique centrée est l’indication de choix, avec comme étiologies principales les arthroses post-traumatiques, et la polyarthrite rhumatoïde.
L’âge est un facteur à évaluer, il est préférable de proposer la prothèse à un sujet âgé. L’activité physique du patient est un élément péjoratif (saut, charge lourde, travail sur terrain instable). Le nombre d’interventions préalablement réalisées sur la cheville est également un facteur à considérer, car plus le nombre est élevé moins bon sera le résultat de la prothèse sur la douleur.
Malgré les progrès considérables, il demeure que les résultats de la prothèse totale de la cheville n’ont pas atteint le succès de la prothèse de hanche et du genou.
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