Réalisé par Ruben Fleischer (Bienvenue à Zombieland, Gangster Squad), Venom porte à l’écran le personnage éponyme de l’univers de Spider-Man. Celui-là même qui était incarné par Topher Grace dans le troisième, et dernier, volet de la trilogie originale de Sam Raimi. Pour rappel, sous les traits de Venom se cache en fait le journaliste d’investigation Eddie Brock (Tom Hardy), qui va tenter par tous les moyens de dénoncer les agissements malfaisants du PDG Carlton Drake (Riz Ahmed), responsable de l’arrivée sur terre de symbiotes fous.
Si l’annonce initiale du projet Venom avait de quoi susciter les plus grandes craintes, les arrivées au casting de Michelle Williams, Riz Ahmed, et surtout Tom Hardy, laissaient tout de même présager un spectacle potentiellement intéressant. Sans parler de Ruben Fleischer à la réalisation, un cinéaste, certes plutôt discret, mais doté d’une filmographie assez singulière. Malheureusement, le résultat final est d’une tristesse absolue. Sans âme, le blockbuster de Sony enchaîne tellement les défauts, tant sur le fond que sur la forme, qu’il ne parvient même pas à satisfaire les attentes les plus élémentaires. Outre un scénario – sans intérêt – riche en ficelles et incohérences, on regrettera surtout la tonalité aseptisée du long-métrage. Complètement édulcoré, le récit échoue en effet à retranscrire véritablement toute la noirceur du symbiote, se contentant d’une représentation cartoonesque faussement subversive. De manière générale, le film ne brille d’ailleurs pas par son mélange de genres, alternant tout du long maladroitement le thriller fantastique et la comédie d’action. Il en découle, du coup, des ruptures de tons au mieux désagréables, au pire carrément gênantes.
Un constat d’autant plus fâcheux que l’histoire recèle pourtant un certain potentiel. Peut-être pas le genre de potentiel suffisant pour délivrer un grand film, mais au moins acceptable pour présenter un divertissement correct. La dualité nouvelle du héros, tout d’abord, offre effectivement de formidables perspectives d’écriture, d’autant plus compte tenu de son parcours atypique. Les motivations du méchant, ensuite, permettent de proposer un semblant de réflexion en lien avec nos problématiques contemporaines. Malheureusement, le manque de profondeur de l’ensemble, ainsi que la dimension caricaturale des protagonistes et l’insignifiance des dialogues, annihilent rapidement tout espoir. Même les acteurs, excellents par le passé, ne semblent ici jamais à leur avantage. Pas aidé par des personnages totalement creux, ils se limitent en effet à des interprétations en pilotage automatique, aussi quelconques qu’insipides. De son côté, Ruben Fleischer ne fait pas non plus de miracle à la réalisation, sa mise en scène ne réussissant jamais à transcender l’histoire. Malgré leur rendu parfois très inégal, on appréciera cependant la douce folie des séquences d’action.
Sans âme et sans surprises, Venom s’avère donc être un blockbuster d’une rare médiocrité. Plombé par un scénario aseptisé, une mise en scène quelconque, des personnages caricaturaux, des dialogues insignifiants et des acteurs en roue libre, le film laisse poindre quelques promesses mais ne parvient jamais vraiment à exploiter le potentiel de son histoire. Un vrai naufrage !