Ce seraient les derniers mots de Jamal Khashoggi, journaliste Saoudien de 59 ans, qui n'aura jamais 60, à sa fiancée, le 2 octobre dernier.
Depuis, il a disparu.
Depuis, il est visiblement mort.
Khashoggi était journaliste. Je crois qu'il serait honnête d'en parler au passé, maintenant. Une brigade de 15 hommes est arrivée à l'aéroport sans trop d'explications et s'est rendue au consulat Arabe d'Istanbul, dans leur camionnette noire. Quand Khashoggi y est entré, il y allait pour mettre la main sur des papiers confirmant son divorce et facilitant le mariage futur avec celle qui l'attendrait éternellement dehors. Dans les deux heures qui suivront, les hommes aperçus à l'aéroport seraient les mêmes traînant autour du consulat. La camionnette noire circulera beaucoup, avant de carrément entrer dans un garage attenant au consulat. Et en sortir. Probablement avec Khashoggi à bord. Qu'ils auraient au minimum assassiné, apparemment aussi scié en morceaux, afin qu'on ne le retrouve pas de sitôt.
Une opération coordonnée en hauts lieux. La Turquie a menée l'enquête et est formelle là-dessus. Ça n'a duré que quelques heures et le journaliste, critique du régime Arabe du Prince Mohammed Bin Salam, était dans un autre monde, et ses assassins repartis en avion là où on ne penseraient plus à eux.
Pensaient-ils.
On dit même qu'il y a un vidéo de sa mort existant.
Mais plusieurs pensent encore, une semaine plus tard, que la Turquie n'est pas aussi vierge qu'elle le prétend.
La fiancée de Khashoggi l'a attendu 11 heures. Khashoggi n'est jamais sorti à pied du consulat. La camionnette est toutefois entrée et sortie des lieux. Laissant place à peu de doutes puisqu'aucune explications sur ses allées et venues n'ont été données.
Khashoggi est une figure populaire des réseaux sociaux avec ses 1,6 abonnés sur Twitter. Il a déjà été très près de la famille royale Arabe, en étant même un conseiller. Mais depuis l'arrivée du prince Mohammed Bin Salman, tous ses amis (à Khashoggi) ont, tour à tour, été arrêtés et sa tribune dans le journal a aussi été censurée. Devenu alors très actif sur Twitter, et comme commentateur pour le Washington Post et plusieurs autres médias occidentaux, ont lui a alors ordonné de cesser tout ça.
Sinon il arriverait ce qui est fort probablement arrivé.
Un meurtre en plein soleil. Avec les yeux du monde qui regardaient.
Un monde qui passera à autre chose en faisant son plein demain matin.
Pendant que la fiancée se noie dans un océan de pleurs.
Et que l'Arabie Saoudite ressemble de plus en plus à un Daesh réussi.
Les États-Unis savaient bien entendu.
Deux abeilles tueuses ne se piquent jamais entre elles.
Le mal est notre nouveau soleil.